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Festival Supernova • Rencontre avec Sébastien Bournac
En astronomie, la supernova désigne l’explosion d’une étoile. Un nom parfait pour décrire la déflagration de jeunes créations proposée par le Théâtre Sorano, du 5 au 23 novembre. L’occasion de prendre des risques en tant que spectateur, de se surprendre et de profiter des rendez-vous vivants et foisonnants de la programmation, entre les représentations, les débats, les booms et les apéros.
Entretien avec Sébastien Bournac, fondateur du rassemblement et directeur du théâtre, qui signe sa toute dernière édition à sa tête.
Comment décrire Supernova cette année ?
Le festival présente quinze spectacles que j’ai mis un an à choisir. Il s’agit toujours de jeunes créations, des talents émergents découverts tout le long de l’année en France et parfois plus loin. Regarder le théâtre par le prisme de ces jeunes créateurs montre l’évolution de cet art avec les nouvelles générations.
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Par exemple, c’est l’occasion de découvrir le répertoire de Stéphanie Aflalo (“Jusqu’à présent, personne n’a ouvert mon crâne pour voir s’il y avait un cerveau dedans”, les 12 et 13 novembre, “Live” le 14 novembre et “L’amour de l’Art” les 15 et 16 novembre) ou la carte blanche à la fin du festival de Laurène Marx (“Jag et Johnny” le 23 novembre, “Je vis dans une maison qui n’existe pas” les 22 et 23 novembre). C’est la première fois que cette dernière vient à Toulouse en tant que performeuse, elle est radicale avec une façon de faire proche de la fulgurance.
Quelle est la grande surprise de cette édition ?
J’attends des spectacles et de la nouvelle génération qu’ils nous surprennent. René Char disait que “ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Nous ne voulons pas du classique déjà identifié !
Aussi, je trouve que toutes ces nouvelles manières de faire le théâtre sont extrêmement perturbantes et passionnantes. Notamment avec Romane Nicolas (“Que la machine vive en moi” du 13 au 16 novembre). Elle croise des thématiques et des esthétiques comme la vie, la non-vie, le genre, l’humain, l’intelligence artificielle…
Si vous deviez donner une thématique à votre sélection, quelle serait-elle ?
Il y a des thèmes récurrents chaque année. Nous sommes, en ce moment, sur des problématiques d’identité, de transition et de féminisme. “Nora, Nora, Nora ! De l’influence des épouses sur les chefs-d’œuvre” (les 5 et 6 novembre) ou “Le Papier peint jaune” (les 7 et 8 novembre) sont de bons exemples de comment faire part belle à des émancipations et à des récits de femme, souvent empruntés à des textes du passé. (NDLR : Le premier spectacle invente une suite à “Une maison de poupée” d’Henrik Ibsen de 1879, tandis que le second est une re-écriture de la nouvelle féministe de Charlotte Perkins Gilman de 1890).
Il y a là une question de déconstruction. Comment s’inventer sans exister, sans être dans une assignation de place, de schémas reproduits inconsciemment ? C’est sociétal et cela regroupe le jeu en re-interrogeant les formes de théâtre. Surtout, outre les thématiques, il y a un plaisir du jeu dont notre époque a besoin. Les propositions sont très ludiques. Il y a une vraie volonté de rassembler et de partager.
Vous aviez créé le festival à votre arrivée en 2016. Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’événement ?
C’est la neuvième édition. Ce festival, je l’ai créé, je l’ai amené, et il s’est métamorphosé. C’est devenu un moment de création. Il y avait cinq spectacles à l’époque, que nous repèrerions, et maintenant, il y en a quinze, créés et présentés pour la première fois, dans dix lieux de la ville ! Cela attire des publics professionnels venus découvrir des spectacles jamais vu auparavant. Nous devenons un festival ressource sur la jeune création en France et cela montre la dynamique de création à Toulouse, à laquelle nous avons également œuvré. Il faut bien neuf éditions pour arriver à cela.
Ce sera votre dernière édition à la tête du Sorano, vous partez en décembre, que retenez-vous ?
Nous avons traversé tellement de tempêtes, la Covid, les histoires personnelles de l’équipe, les attentats… Ce que je retiens, c’est que le public est là, il s’est construit autour d’un projet. C’est ce qu’on attend d’un théâtre vivant de centre-ville, cela montre que nous répondons à un désir et à une demande.
Je suis très fier de Supernova. Ce n’est pas rien de créer un festival. Surtout qu’il se poursuit avec la prochaine direction, alors j’ai un peu contribué à la vitalité du paysage toulousain… Initialement, je suis metteur en scène et j’aurais adoré qu’il y ait un Supernova à mes débuts, ce rendez-vous ouvre des horizons !
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