Accueil » Schola Cantorum de la basilique Saint-Sernin

ACTUALITÉ

Le samedi 26 avril 2025 à 20h30, à la Basilique Saint-Sernin, la Schola Cantorum interprétera des chants liturgiques, sur les compositions de Buxtehude et son disciple Bach, Castello, Marais et Ortiz. À cette occasion, Culture 31 s’est entretenu avec Jean Persil, directeur artistique, et Étienne Berny, coordinateur musical de l’ensemble choral.

Schola Cantorum
(de gauche à droite) : Jean Persil, Étienne Berny, le Choeur de Chambre. Au premier plan : l’orchestre. © Schola Cantorum / Basilique Saint-Sernin

Pourquoi vous plongez-vous dans le baroque européen avec ce concert ?

Jean Persil, directeur artistique de la Schola Cantorum : L’idée, c’est de faire entendre des choses qu’on n’avait pas entendues dans la Basilique depuis longtemps. On a un orchestre baroque pour faire vivre le sacré, avec une diversité plus grande dans le genre. Ce ‘Tour d’Europe’, c’est une reconnaissance de cet univers, un panorama musical qui voyage dans le temps et la géographie. On mêle des compositeurs connus et moins connus autour de thèmes rassembleurs, pour redécouvrir ou découvrir des pépites.

Lire la suite

Étienne Berny, coordinateur musical de la Schola : Jean Persil m’a contacté fin 2023 pour ajouter des instruments anciens à la Schola. Avec cette représentation, on a pour but de casser l’image froide du baroque, souvent vue comme froide ou métrique. Ce programme montre une musique organique qui traverse les frontières. On explore des sonorités qui s’inspirent et se nourrissent mutuellement.

Que racontent ces cinq compositeurs d’une Europe musicale ?

Jean Persil : Ces compositeurs dessinent une Europe variée : Buxtehude, maître de Bach, c’est l’Allemagne avec sa cantate méconnue ; Ortiz et Castello, c’est l’Italie ; Marais, la France. C’est ce que nous vous voulons représenter avec nos 120 choristes répartis en quatre chœurs.

Étienne Berny : Les motifs émergent souvent de danses, des contextes populaires. Ortiz, par exemple, joue des variations virtuoses sur des thèmes connus. On entend la Folia, un air (issu d’une danse portugaise, ndlr) du XVe repris partout, même dans le film 1492 par Vangelis. La basse de la mélodie de Greensleeves résonne aussi : la légende dit que cette mélodie aurait été composée par le roi Henri VIII pour sa maîtresse.

Jean Persil Schola Cantorum
Jean Persil donne le ton baroque du « Tour d’Europe » de la Schola © Schola Cantorum / Basilique Saint-Sernin

Tous ces choristes, c’est une grosse machine. Quel rôle joue l’orchestre baroque dans ce voyage ?

Jean Persil : En effet. L’orchestre ajoute une couleur qui a pour objectif de faire entendre ces chants dans leur jus, comme à l’époque. On s’appuie sur des chefs et leurs ensembles qui ont cette qualité unique. Il s’agit d’une troupe solide avec Étienne Berny, formé au conservatoire de Toulouse. C’est une recontextualisation historique qu’on offre au public.

Étienne Berny : C’est vrai. C’est possible de gérer cela avec beaucoup d’organisation. Jean Persil qui donne la vision artistique de la Schola. L’orchestre ravive une présence musicale forte à Saint-Sernin : le but étant que la musique vive par le biais d’une animation liturgique. Le conservatoire de Toulouse nous prête un clavecin et je dis merci à Pascale Serane, notre relais dans le partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse. Ça laisse du temps pour construire des programmes riches.

« Notre représentation, c’est un concert “ah oui, je connais cette mélodie” », Etienne Berny, coordinateur musical de la Schola Cantorum

Comment la Schola allie exigence et ambition internationale ?

Jean Persil : On maintient la qualité grâce à une confiance entre les chefs et choristes, une direction artistique claire. On s’ouvre au monde – Rome, Westminster – et l’an prochain, on vise Paris. On rêve de performer la Messe en si mineur de Bach. C’est un Everest musical ambitieux mais il faut être prêt. C’est le répertoire qui porte cette ambition.

Étienne Berny : Tout le mérite revient à Jean. Je relaie cette force pour faire vivre la musique. On renoue avec une histoire oubliée depuis la Renaissance. Ça fait depuis la Révolution qu’il n’y a pas eu d’orchestre en résidence permanente à la Basilique. Nos ambitions s’appuient sur des mélodies qui traversent le temps et renouent avec un patrimoine. On vise une présence musicale internationale durable. Notre représentation, c’est un concert “ah oui, je connais cette mélodie”.

Etienne Berny Schola Cantorum
Étienne coordonne l’ensemble choral de la Schola © Kate Massein

Monsieur Persil, de quels soutiens bénéficiez-vous ?

Jean Persil : Le mécénat, c’est le nerf de la guerre. La Basilique, la mairie de Toulouse, la chapelle des Carmélites nous soutiennent financièrement. Des prêts de salles ou de salariés dédiant un temps par semaine à soutenir la Schola existent. On défiscalise et chaque don compte. Ça assure une vitalité économique pour faire vivre ces projets atypiques parce que nous sommes d’intérêt public. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

« Les musiques baroques anciennes […] ne sont pas si éloignées […] de la musique d’aujourd’hui », Étienne Berny

Comment forme-t-on les voix de demain avec ce répertoire ?

Jean Persil : Pour la Maîtrise (l’ensemble chorale jeune de la Schola, ndlr), on bosse avec l’ensemble scolaire Saint-Joseph-La Salle : des stages et des coachs pour la technique vocale ; une école de chant, une schola cantorum réellement. On veut aller plus loin, former à la composition, faire l’histoire de la musique sacrée. Le mécénat aide à garder des places peu onéreuses et rend ça ouvert aux jeunes passionnés.

Étienne Berny : Je m’adapte encore à cette institution complexe. Jean insuffle une énergie qui forme les choristes. On réactualise le classique pour qu’il parle aux jeunes. C’est un pont entre passé et avenir, soutenu par des partenariats précieux. Les tubes diffusés à la radio sont l’héritage de cette histoire musicale, puisqu’ils ont pour origine la musique parfois considérée comme snob, qui peut faire peur. Les règles dictées par le classique ont fait la technicalité des sons contemporains. Assister au concert, c’est se dire que les musiques anciennes baroques sont fleuries et ne sont pas si éloignées que cela de la musique d’aujourd’hui.

Le samedi 26 avril à 20h30, Saint-Sernin vibre d’une Europe baroque ressuscitée par la Schola. De Buxtehude à Bach, ces voix d’époque vous appellent.

William Alimi 

Schola Cantorum de la basilique Saint-Sernin

Schola Cantorum de la basilique Saint-Sernin

Voici un millénaire que fut prise la décision de bâtir le symbole le plus célèbre de Toulouse : la basilique Saint-Sernin. Étape incontournable des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, monument le plus visité de la ville rose, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO : la plus grande église romane conservée du monde fascine encore nos contemporains par sa majestueuse intemporalité.

Dans son Histoire, la basilique n’a eu de cesse de repousser les limites des artistes ayant contribué à son rayonnement, sur l’architecture, la peinture ou encore la musique. Le plus grand facteur d’orgues de tous les temps, un enfant du pays, Aristide Cavaillé-Coll ne s’y est pas trompé en signant ici son chef-d’œuvre. Aujourd’hui, grâce à la passion du clergé, d’artistes et d’amoureux du patrimoine, un renouveau de la basilique se fait sentir.

La Schola Cantorum fait partie intégrante de ce projet de patrimoine vivant en mêlant liturgie et accessibilité culturelle avec l’exigence dûe aux lieux. Nous vous invitons à entrer avec nous dans cette Histoire de la basilique, une Histoire faisant la part belle au génie de l’Homme. Ainsi, d’autres regards fascinés que les nôtres se poseront encore longtemps sur ce que Claude Nougaro avait décrit avec tant de poésie comme « une fleur de corail que le soleil arrose ».

Jean Persil

VIDÉOS

AFFICHES