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« L’Amour de l’art » : quand le théâtre devient musée pour questionner notre regard sur l’art

by Ines Desnot

Le théâtre Garonne s’apprête à accueillir « L’Amour de l’art », dans le cadre du festival Supernova, chapeauté par le Théâtre Sorano. Ce spectacle, conçu par Stéphanie Aflalo, pousse les spectateurs à reconsidérer leur rapport à l’art à travers une performance hybride, entre conférence farfelue et exploration philosophique. Aux côtés du comédien Antoine Thiollier, Aflalo nous plonge dans une réflexion ludique et déroutante sur la manière dont nous interprétons les œuvres d’art.

L'Amour de l'art
© Roman Kane

Ce spectacle fait partie des Récréations philosophiques, une série initiée par Aflalo. Il prend la forme d’une conférence sur la peinture, mais rien ne se déroule comme prévu. Dans un décor volontairement minimaliste, les deux protagonistes détournent les codes classiques du musée pour mieux les déconstruire. Armés de leur laser pointeur, ils tentent de faire parler les tableaux, se moquant de l’hermétisme des discours sur l’art. Les spectateurs se retrouvent face à des interprétations volontairement absurdes et exagérées des œuvres, notamment des classiques comme La Leçon d’anatomie du docteur Tulp de Rembrandt.

Un regard subjectif

Derrière cet humour subtil et ce sabotage des codes muséaux, « L’Amour de l’art » interroge notre rapport à la culture et aux institutions qui la façonnent. Inspiré du célèbre ouvrage éponyme de Pierre Bourdieu et Alain Darbel, le spectacle ne cherche pas à décortiquer les théories savantes, mais à jouer avec elles pour ouvrir un dialogue décomplexé sur l’accessibilité de l’art. En insistant sur l’impossibilité de traduire totalement les perceptions artistiques par le langage, la pièce nous invite à réfléchir sur le rôle du spectateur et sur la subjectivité du regard.

Briser la barrière entre l’art et le public

Au-delà de l’aspect comique, cette œuvre propose une réflexion sur le pouvoir des mots et leur capacité à emprisonner ou à libérer. En faisant voler en éclats les interprétations convenues, Stéphanie Aflalo et Antoine Thiollier cherchent à briser les barrières entre l’art et son public, incitant chacun à réinvestir l’espace muséal avec un regard neuf et personnel. Les tableaux, loin de leur silence imposé, se mettent à « parler », mais ce sont surtout les spectateurs qui sont invités à réévaluer leurs propres perceptions.

théâtre Garonne
du vendredi 15 au samedi 16 novembre 2024
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