En adaptant cette pièce pour un ensemble instrumental, zeitkratzer réussit le tour de force de renouveler et d’enrichir l’écoute d’une musique pensée pour l’inconfort, et d’en révéler les secrets.
Le cycle d’essorage d’une machine à laver a plus de variations mélodiques que le bourdon électronique qu’est Metal Machine Music. Greg Kot, MusicHound Rock, 1999.
En 1975, à peine un an après avoir atteint les sommets des hit-parades avec l’album Sally Can’t Dance qui lui ouvre un destin de pop star, Lou Reed remet à sa maison de disques RCA Records les bandes de Metal Machine Music : une heure de feedback et de bruit continu. Invendable.
Le double-album, qui est régulièrement cité parmi les pires disques de l’histoire du rock, est décrit au mieux comme une provocation, au pire comme un suicide artistique. Un acte fort en tout cas, qui sort brutalement le feedback du champ de la musique d’art pour le faire entrer dans celui de la musique disponible en grandes surfaces.
Quand en 2001 Lou Reed est contacté par le compositeur berlinois de l’ensemble zeitkratzer, Ulrich Krieger, qui lui parle d’une transcription de Metal Machine Music sur partitions pour un ensemble instrumental, il peine à y croire. Ils monteront ensemble, avec l’ensemble zeitkratzer, la toute première version scénique intégrale du disque.
En adaptant cette pièce pour un ensemble instrumental, et orientant l’orchestration vers tout ce qui change, évolue, dans ce long magma bruitiste, zeitkratzer, ensemble dirigé par Reinhold Friedl, réussit le tour de force de renouveler et d’enrichir l’écoute d’une musique pensée pour l’inconfort, et, comme passée à la lumière noire, d’en révéler les secrets.
Théâtre Garonne
lundi 03 octobre 2022
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