Né en 1967 à Chbanieh (Liban), Walid Raad vit et travaille entre New York (États-Unis) et Beyrouth. Il développe son œuvre autour de l’histoire tourmentée de son pays d’origine, le Liban, dont il est le témoin depuis son enfance. Dès le milieu des années 1990, des centaines de bâtiments du centre-ville de Beyrouth furent démolis, leurs décombres jetés à la mer, pour rebâtir une nouvelle ville d’après-guerre. Sweet Talk : Commissions (Beyrouth) _ Solidere 1994-1997 utilise des images qui proviennent de dizaines de vidéos de démolition par explosifs enregistrées par d’anciens locataires mécontents d’avoir été expulsés ou expropriés pour faire place au nouveau centre-ville. À partir de ces images, Raad recréé une sorte de boucle kaléidoscopique qui montre une ville sans cesse détruite et reconstruite, et révèle ainsi un espace-temps alternatif dans lequel les bâtiments persistent malgré leur violente destruction.
Walid Raad travaille autour de procédés plastiques tels que le montage, le détournement ou le déplacement pour créer des distorsions poétiques et sémantiques dans les médias qu’il manipule. En collectant, modifiant et créant des photographies, des textes ainsi que des vidéos, il met en scène la question du document, de l’archive relative aux événements qui ont secoué son territoire natal, entre guerres civiles et troubles communautaires. L’artiste cherche à jeter le doute sur le mode documentaire et questionne en profondeur la construction de l’histoire.