« Je m’appelle Ajar. Abraham Ajar, initiales AA. » L’autrice est conteuse et rabbine, elle manipule l’humour juif avec un raffinement rageur.
Delphine Horvilleur, après Réflexions sur la question antisémite et Vivre avec nos morts (éditions Grasset), compose pour le théâtre le monologue éclaté du fils imaginaire de l’écrivain Romain Gary et d’Émile Ajar, lui-même double fictif du premier. Abraham Ajar, rejeton inventé de l’auteur de La Vie devant soi, alias Gary/Ajar, s’exprime depuis sa cave, son « trou juif ».
Il se fait python ou souris blanche, maître ou esclave, femme ou homme, chrétien, juif ou musulman. Il se découvre à la fois lui-même et mille autres, miroir de théâtre planté face à nos inconscients. Johanna Nizard incarne magistralement cet enfant du siècle, être indéfinissable, qui apostrophe le monde et désamorce les tensions identitaires, dans un monde et un temps qui les exacerbent toutes. Un spectacle qui interroge puissamment et passionnément.
Théâtre Sorano
du mardi 23 au vendredi 26 janvier 2024
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