À la recherche d’un endroit de tension entre espoir d’un événement et non-événement, le fil narratif de la pièce se tisse sur des esquisses d’actes ou de discours empêchés, où Gabriel Sparti nous livre, non sans humour, un portrait d’une Suisse conformiste et lisse, où le citoyennisme moral confine à l’anesthésie.
Poussé par une intuition, Gabriel Sparti quitte son pays natal à l’âge de vingt ans pour échapper à quelque chose, sans savoir le nommer réellement. Tout lui revient quelques années plus tard, un air entêtant dont la mélodie devient si forte qu’il est nécessaire de la comprendre. Sa première création, Heimweh / Mal du Pays s’attaque, au-delà du petit pays neutre qu’il prend pour exemple, à la paralysie poétique qui frappe nos sociétés si soucieuses de rester toujours correctes. Qu’y a-t-il derrière ces montagnes éblouissantes de pureté ? Qu’en est-il de l’obscénité du pays qu’elles encadrent ? « J’ai le fantasme de pouvoir faire éprouver, grâce au plateau, la gêne de ces corps poussés à l’extrême limite du conformisme et de la retenue » raconte le jeune metteur en scène.
Sur scène, un étranger et trois autochtones se partagent l’espace avec maladresse. Par des allers retours et des hésitations incessantes, ils réinventent une mise en scène de l’usure où l’humour de répétition poussé à l’extrême en vient à crisper les spectateur·rice·s.
Théâtre Sorano
du jeudi 16 au samedi 18 novembre 2023
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