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Gradiva, celle qui marche • Stéphanie Fuster

by Bruno del Puerto

création / coproduction / Avec La Place de la Danse

« En découdre avec le flamenco, telle a été ma quête durant de longues années. En découdre avec la fascination, l’aimantation, l’électrification qu’il produisait en moi, et sur le public. En découdre avec le fantasme, l’hallucination et l’image. Je ne savais pas marcher alors j’ai appris à danser. » Stéphanie Fuster

Au musée Chiaramonti du Vatican, parmi les statues de divinités et d’empereurs, marche Gradiva. Jeune patricienne saisie sur un bas-relief en son geste quotidien, insouciante du regard posé sur elle. « Ce mouvement évoquait l’agilité en même temps que la légèreté de la démarche […], mais aussi une tranquille confiance en soi. Et c’est cette légèreté d’oiseau, associée à la fermeté de l’attitude, qui lui conférait cette grâce toute particulière. » Ainsi la décrit en 1903 le narrateur de Jensen dans la nouvelle qui la nomme pour la postérité, et dans laquelle Norbert, un jeune archéologue, part à Pompéi en quête de cette figure qui le fascine. Analysé par Freud au prisme du rêve, son mystérieux pouvoir d’attraction en fera notamment une égérie surréaliste. C’est chez Dalí que Stéphanie Fuster l’avait croisée sans la connaître, femme trouée aux résonances multiples. Mais la véritable rencontre s’est faite avec l’originale : celle sculptée dans le marbre, si différente des représentations de femmes pâmées ou dansantes ; celle qui marche devant elle et semble tellement libre, le regard tourné vers l’intérieur. « Une amie, surtout pas une effigie, une amulette que j’aimerais avoir avec moi, me nourrir de sa présence, marcher dans son sillon. » C’est par le mouvement et les mots que la danseuse de flamenco et metteuse en scène explore le mythe : circulant entre Gradiva et Norbert, elle recherche ce qui résonne si fort en elle, en nous, de cette marche à la fois simple et puissante. Elle, qui depuis longtemps déconstruit sa propre pratique, interroge avec Fanny de Chaillé et Clémence Coconnier la fascination exercée par le personnage iconique qu’elle incarne en tant que danseuse, bouscule l’image, la représentation, et creuse dans le langage du flamenco qu’elle maîtrise à la perfection pour trouver cette même authenticité, profondément vitale. Tout défaire, déshabiller, démystifier, mettre à plat et voir ce qui demeure de l’énergie et de l’ardeur.


Théâtre Garonne

du mercredi 15 au vendredi 17 décembre 2021 – Théâtre Garonne

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