Il y a Shakespeare, dont la pièce est si imparfaite qu’elle a séduit le metteur en scène ; Plutarque, qui le premier s’empara de la tradition orale pour décrire Antoine ; sans oublier le film monstre de Mankiewicz avec le couple sulfureux Burton-Taylor.
Mais on oublie vite les cothurnes, les grands effets de toge du péplum et les stéréotypes usés jusqu’à la trame de la tunique de Cléopâtre pour se laisser gagner par la passion amoureuse, torride, au cœur de cette version que signe Tiago Rodrigues. Sans renier l’héritage, le metteur en scène a transcrit le drame en un poème de neuf chants, pour ses interprètes et amis, Sofia Dias et Vitor Roriz. Ils sont danseur·ses et étranger·ères au théâtre.
À l’instar d’Antoine tel que le décrit Plutarque, quand il fuit la bataille et sa propre identité pour suivre Cléopâtre : « une âme dans un corps étranger ». Ainsi, un même paradoxe relie l’amour et le théâtre. Elle est Sofia et Cléopâtre. Il est Vitor et Antoine. Leurs récits s’entrecroisent. Elle décrit tous ses faits et gestes et vice versa. Avec une délicatesse douloureuse, leurs voix chuchotent l’amour, la politique et la guerre. Ils sont aussi légers que le vol des oiseaux qui présage leur futur, leur fin est d’autant plus cruelle. Lui : « Cléopâtre respire ». Elle : « Antoine respire ».
théâtre Garonne
du jeudi 02 au dimanche 05 mai 2024
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