Projection « Youssef Salem a du succès » + rencontre avec la réalisatrice Baya Kasmi, accueillie parole et musique par le @tactikollectif, Mouss et Hakim (préventes utopiaborderouge.festik.net)
Qu’on soit Français né de parents maghrébins ou Neversois d’origine vaguement catalane, il ne fait pas toujours bon mélanger création littéraire et histoire familiale. Surtout si la famille en question est susceptible de lire ladite création et de s’y reconnaître. À moins, sans doute, de brosser au long des pages les portraits les plus avantageux de parents aimants, de fratries heureuses, de narrer avec émerveillement les exploits plus ou moins enjolivés des unes ou des autres… Mais le cerveau de l’écrivain est ainsi fait que, inexorablement, c’est au mieux dans les petits travers de chacun, au pire dans la face cachée, sombre, honteuse de la vie, qu’il tire le meilleur de son inspiration. Tel est le dilemme de Youssef Salem.
Le succès inattendu de « Choc toxique »
Obscur écrivaillon de livres sans lecteurs, il se trouve soudainement propulsé sous les projecteurs à la parution de « Choc toxique », un roman au succès inattendu. Couvert de louanges par une critique extatique et dont il va répétant sur les plateaux télé que c’est le pur fruit de son imagination. Mais « Choc toxique » ne trompe pas grand monde, et surtout pas ses frères et sœurs. Parisien relativement fauché au train de vie joyeusement dissolu, Youssef s’est un peu éloigné, c’est un euphémisme, du mode de vie familial.
Et lorsqu’il revient de loin en loin visiter sa famille restée dans la ban- lieue de Port-de-Bouc, cité ouvrière à un jet de boule de pétanque de Marseille, il romance également gentiment sa vie parisienne. De façon à la rendre acceptable par des parents qui, sans être des foudres de traditionalisme rigoriste, ont encore quelques valeurs morales à faire valoir à leurs rejetons. Pour l’heure, au moment du retour du fils prodigue, non seulement les frangines et le frangin sont furax de se retrouver sans l’avoir voulu dans les pages de leur cher frère. Mais il devient très vite urgent de multiplier les subterfuges pour empêcher les parents de lire ce satané livre…
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