Laissé inachevé par Mozart au moment de sa mort, le Requiem fait ici équipage avec l’une des dernières symphonies que nous a laissées le grand Wolfgang.
Le Requiem, que la mort ne laissa pas à Mozart le temps de terminer, a fait l’objet de nombreux débats et de multiples tentatives d’achèvement.
Julien Chauvin a opté ici pour la partition telle qu’elle fut mise au point par Süssmayr immédiatement après la mort de Mozart, à la demande de Constance, la veuve du compositeur. Disciple fidèle, Süssmayr venait d’écrire les récitatifs de La Clémence de Titus, opéra conçu à la hâte par Mozart ; il s’acquitta de cette nouvelle tâche avec scrupules, certains disent sans génie : mais quelle eût été la légitimité d’une intervention géniale en pareil cas ? Ne fallait-il pas au contraire se faire humble le plus possible, intervenir sans vraiment intervenir ? Ici se posent toutes les questions qui viennent à l’esprit dès qu’on touche à une œuvre laissée inachevée par son auteur. Fallait-il achever Lulu, Turandot, la Dixième de Mahler ?
Pour aller vite, on dira que Mozart a terminé un bon tiers de son Requiem (jusqu’au début du « Lacrymosa »), qu’il en a laissé un autre tiers dans un état intermédiaire (avec des indications d’orchestration) et que le troisième tiers manque entièrement. Ce Requiem n’est pas précisément l’œuvre d’un dévot. C’est d’abord le résultat d’une commande passée par un franc-maçon à un autre franc-maçon : les deux cors de basset qui interviennent dans l’œuvre prennent à cet égard toute leur importance. Mais c’est surtout l’un des plus beaux exemples de gravité légère que nous ait donnés la musique.
Il est ici interprété par un quatuor de solistes hors pair et sur instruments d’époque. Julien Chauvin le dirigera de son violon, comme il le fait de coutume, fidèle à une tradition qui remonte au XVIIIe siècle. Et le fera préluder par la Trente-neuvième Symphonie, achevée par Mozart trois jours avant la mort de sa fille Thérèse. « Les trois dernières symphonies de Mozart forment un ensemble singulier et d’autant plus fascinant qu’il est entouré de mystère, écrit Gérard Condé. Mozart les destinait sans doute à des concerts par souscription.
Qu’ils n’aient pas eu lieu ou que l’entreprise se soit révélée improductive, pourrait expliquer qu’après l’exceptionnelle réussite de ce triptyque, il se soit désintéressé de la forme symphonique. »
De fait, cette antépénultième symphonie est le premier côté d’un triangle qui porte le genre à un sommet indépassable.
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