« Il nous reste la colère », c’est l’histoire tristement banale d’un grand groupe industriel qui fait des profits grâce à la qualité du travail de ses ouvriers (plus de 6 milliards de bénéfice en 2017, l’année qui précède l’annonce de la fermeture), tout en fermant une ou des usines qui ont contribué au renom de la marque. Une histoire que vous ne viendrez pas suivre pour le suspense : on connaît malheureusement la fin.
Celle de la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux, et du combat de ses ouvriers. Un combat plus relayé par les médias que beaucoup d’autres combats dans beaucoup d’autres usines grâce à la présence parmi les salariés en lutte d’un certain Philippe Poutou, trois fois candidat à l’élection présidentielle au nom du NPA.
Du passé faisons table rase, c’est devenu la devise de Ford. Pourtant l’histoire de cette lutte avait, 10 ans auparavant, plu- tôt bien commencé. Le grand groupe américain avait pêché par excès de confiance en annonçant en 2008 la fermeture de l’usine. La mobilisation des ouvriers et des élus locaux avait stoppé net le sinistre processus. Mais quelques années plus tard la donne a changé. Le nombre d’ouvriers a baissé, leur âge a augmenté (50 ans de moyenne). Alors que leur syndicalisation est moindre.
Et quand Ford revient avec une décision de fermeture présentée comme inéluctable, la lutte est plus difficile à mettre en route chez les ouvriers dépités et largement résignés à accepter un chèque de départ conséquent… Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert, deux jeunes réalisateurs bordelais, ont décidé de s’immerger dans les coulisses de la lutte et des négociations entre les ouvriers et la direction de Ford. C’est passionnant, édifiant, émouvant et même parfois drôle !
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