Cauchemar en cuisine
Un plan séquence de 90’ que vous ne voyez pas passer tant la pression est énorme. Voilà le premier long de ce réalisateur britannique. Un tour de force technique assurément mais pas que.
Ancien du milieu culinaire, Philip Barantini porte ici à l’écran ses souvenirs de cuisine et de salle. Nous sommes lors du Magic Friday, soit le vendredi avant Noël, date que les Londoniens retiennent pour se précipiter en chœur dans les restaurants. Autant dire que les brigades doivent être prêtes à tout. Nous voilà donc dans un établissement étoilé tenu par le chef Andy (Stephen Graham étourdissant). Rapidement nous comprenons qu’Andy est sous l’emprise de la drogue et de l’alcool. Ce qui n’est pas l’idéal pour avoir les idées claires dans ce métier. Les commandes ne sont pas passées, certain personnel tire au flanc, les revendications salariales sont latentes, le statu familial du chef est plus que flou, et la fille du propriétaire du restaurant, promue évidemment chef de salle, n’en a pas forcément les compétences. Tout va mal en gros car il faut ajouter à cela la visite d’un contrôleur sanitaire, d’un créancier, d’une star de la critique gastronomique et, surtout, des clients impossibles, influenceurs manipulateurs. Et j’en passe… Certes Philip Barantini charge un peu la barque.
Mais comment ne pas prendre un brin au sérieux tout de même cette vision apocalyptique d’un métier que nous savons commandé par des égos surdimensionnés, courants comme des perdus derrière la gloire éphémère des feux de la rampe, capables des pires humiliations ? Quand le générique de fin commence à défiler, il semble que le film vient de commencer ! Une prouesse qui nous laisse complétement essoufflés, tétanisés, stupéfaits.