Émois, émois : « Licorice Pizza » de Paul Thomas Anderson
Un titre énigmatique comme je les aime ! Il faut se creuser un peu la tête pour y entendre déjà la nostalgie américaine de ce L.A timbré des 70’s.
« Licorice pizza » : pizza à la réglisse, d’après l’enseigne d’une ancienne chaîne de disquaires du Sud californien. On y écoute évidemment de vieux vinyles couleur réglisse.
L’histoire d’Alana Kane et Gary Valentine, un adolescent et une jeune adulte qui se rapprochent dans la vallée de San Fernando, en 1973.
Le synopsis est de peu d´importance finalement et pour ceux qui affectionnent les rebondissements, mieux vaut passer votre chemin ! Car nous zieutons ici un monument de poésie et de contemplation avec des plans travaillés, pensés et une bande son en adéquation.
Ce qui compte me semble-t-il dans ce long métrage de Paul Thomas Anderson ce sont les accessoires, les détails, le superflu. La nostalgie aussi. Et le génie fantasque du cinéaste.
Les rôles secondaires aussi ont un poids considérables avec Sean Penn et Bradley Cooper, acteurs de deux épisodes complètement loufoques qui arrivent comme un cheveu sous la soupe mais font qu’elle est délicieuse !
Rien pourtant ne vient entraver le schéma amoureux liminaire, Alana et Gary passent leur temps à courir : l´un après l’autre, l´un avec l´autre, à contre-courant…On aime la lenteur de la relation balbultiante, les soubresauts, les hésitations, les respirations au creux d’un téléphone en tirebouchon. Pas d’accélération. Hormis le temps d’une course effrénée. La destinée est tracée d’avance et s’accomplira quoiqu’il en coûte.
Paul Thomas Anderson, encore un fois, bâtit un Univers. Un Monde. Le Monde d’Alana et Gary.Karine SatragnoEn salle au Gaumont Wilson et à l’American Cosmograph