Accueil » George Dandin ou le Mari confondu Molière • Lully / Michel Fau

George Dandin ou le Mari confondu Molière • Lully / Michel Fau

by Bruno del Puerto

Une comédie en musique à la fois farcesque et tragique. Une somptueuse mise en scène baroque de et avec Michel Fau, entouré de 7 comédiens, 4 chanteurs et 8 musiciens.

Fortune contre particule : l’échange est un marché de dupes et le dindon Dandin aurait mieux fait de demeurer à sa place ! Il oublie une règle fondamentale : le mariage est ici un marché, où l’amour n’a pas lieu d’être ! Le paysan parvenu, tout au regret d’avoir épousé la fille d’un gentilhomme, subit offenses et mépris. Humiliation suprême : le valet Lubin révèle au bouseux qu’il est cornard ! Trois fois, Dandin tente de prendre les amants au piège : il ne parvient jamais qu’à se rendre un peu plus ridicule. Maladroit et naïf, Dandin lutte en vain contre la rouerie d’une femme coquette, la fatuité de beaux-parents aveugles et cyniques et la ruse d’une servante malicieuse.

Drôle dans sa férocité et délicieusement amère dans sa morale, George Dandin ou le Mari confondu demeure l’une des farces les plus grinçantes de Molière, portée par la partition savante de Lully. Michel Fau choisit de mettre en scène la version du 18 juillet 1668, dans laquelle la comédie se mêle à la pastorale chantée pour le Grand Divertissement royal de Versailles, offert par Louis XIV à la cour pour célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle.

Un spectacle total ou les somptueux intermèdes musicaux de Lully viennent en contrepoint de la cruauté et de la drôlerie de la comédie de moeurs de Molière.

Note d’intention – Dandin ou le Théâtre confondu

C’est apparemment le 18 juillet 1668 que Molière et la troupe du roi donnent avec succès George Dandin une comédie mêlée d’une pastorale chantée pour « le Grand Divertissement royal de Versailles » offert par Louis XIV à sa cour, pour célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle conclue avec l’Espagne.

Cette histoire grinçante inspirée de la culture médiévale, où un paysan riche et odieux, achète une jeune fille noble, s’enchâsse avec des intermèdes élégants où des bergers échangent des propos galants.

Dans ce conte féroce Molière mélange différents genres théâtraux : la farce gauloise, la critique sociale, la comédie de moeurs, la tragédie furieuse… tout cela porté par la partition savante de Lully.

Cette satire en musique n’est faite que de contrastes : un langage familier et populaire côtoie un langage recherché et noble. Molière nous raconte ici que le mariage est un marché dans lequel l’amour n’a pas de part – puisque Dandin en épousant Angélique de Sotenville, a échangé un titre contre sa fortune – et que pourtant le marié s’acharne à revendiquer l’amour et la fidélité de sa femme. Dandin représente la bourgeoisie commerçante ridiculisée par la noblesse ruinée, mais aussi par ses valets grotesques et avant tout par lui-même ! Car il sait qu’il est responsable de la situation, il est son propre ennemi… tout au long de la pièce il s’accuse lui-même dans une longue plainte tragique, qui se doit de faire rire les spectateurs. Le public vient voir un mari jaloux et cocu se faire humilier ! La situation du mari bafoué se répète trois fois comme une torture récurrente, les vers raffinés écrits par Molière pour les intermèdes musicaux ne font que prolonger ce vertige ; ils ne sont pas une illustration de la farce mais son contrepoint. Quand la comédie parle d’infidélité, la pastorale parle de fidélité ; quand l’une se moque des nobliaux provinciaux, l’autre idéalise la noblesse de cour représentée par les bergers. Ces divertissements commencent toujours par s’adresser à Dandin, qui est trop aveuglé par son désespoir égoïste pour en tirer leçon… le point commun de la pièce et de ses entractes est qu’Angélique et Dandin, comme les bergers menacent de se suicider. Les intermèdes changent carrément la fin de l’intrigue car plutôt que de se noyer, Dandin choisit de noyer son chagrin dans l’alcool pendant le final à la gloire de Bacchus.

Même si la pièce reste immorale puisque le mal triomphe, elle dit avant tout que l’on peut tout acheter sauf l’amour…c’est là qu’elle reste intemporelle.

Pour mettre en abime cette fable à la fois douloureuse, burlesque et obsessionnelle nous choisirons d’assumer une esthétique baroque et cauchemardesque…

Michel Fau « Quel est le plus criminel d’un paysan assez fou pour épouser une demoiselle, ou d’une femme qui cherche à déshonorer son époux ? Que penser d’une pièce où le parterre applaudit à l’infidélité, au mensonge, à l’impudence de celle-ci et rit de la bêtise du manant puni ? » Jean-Jacques Rousseau

« L’art du clown va bien au-delà de ce qu’on pense. Il n’est ni tragique ni comique. Il est le miroir comique de la tragédie, et le miroir tragique de la comédie. La grande farce de Molière est l’excès de la comédie. » André Suarès


Odyssud

du mardi 21 au jeudi 23 décembre 2021 – Au Théâtre de la Cité, Toulouse

Site Internet  •   Billetterie en ligne