Biennale d’art contemporain accessible gratuitement, le Printemps de Septembre fête ses trente ans en habillant Toulouse de lumières.
Après une décennie à Cahors et vingt ans à Toulouse, le Printemps de Septembre fête ses trente ans en 2021. Trois ans après le succès de la précédente édition, la biennale d’art contemporain qui se veut un festival «à la fois populaire et d’une grande qualité artistique», selon les termes de sa présidente et fondatrice Marie-Thérèse Perrin, «soutient les artistes et la création contemporaine, accompagne la reconnaissance de figures majeures de la scène internationale et l’émergence de nouvelles générations».
Imaginée comme «une fête autour de l’art», cette manifestation entièrement gratuite célèbre son anniversaire en convoquant «le merveilleux et imagine un projet à ciel ouvert, une déambulation urbaine et artistique à la tombée du jour. Pour l’occasion, le festival renoue notamment avec un pan important de son histoire: la lumière. Traitement chromatique des éclairages publics, images en mouvement, œuvres faites de néons ou de bougies, mises en récit et en musique… autant de manières de sublimer la ville par un signal poétique et visible de tous. Qu’il s’agisse d’œuvres créées pour la circonstance, d’œuvres récentes, d’œuvres emblématiques jamais montrées à Toulouse ou de réactivation de pièces produites dans l’histoire du festival, ces projets ont tous été conçus, à l’invitation d’Anne-Laure Belloc, nouvelle directrice du festival, par des artistes visuels, musiciens, auteurs ou performeurs ayant déjà été invités au Printemps de septembre», prévient Marie-Thérèse Perrin.
Les visiteurs peuvent ainsi découvrir ou revoir « Mesure de la lumière à Stanley Brown » (photo), néons multicolores de Sarkis suspendus dans la nef de l’église des Jacobins, à la hauteur des fameux vitraux aux reflets changeants qui font chatoyer l’édifice à toute heure. Œuvre de Maurizio Nannucci imaginée pour le festival en 2009, « Going from Nowhere. Coming from Nowhere » est de nouveau visible la nuit, sur la façade de l’Espace EDF Bazacle où est inscrite cette phrase en néon bleu qui évoque le flux de la Garonne. Quant à Laurent Fachard, il réactive sa mise en lumière des berges de la Garonne, vingt ans après sa première invitation à Toulouse.
Directeur artistique invité pour la troisième édition consécutive, Christian Bernard a de son côté choisi « Sur les cendres de l’hacienda » en guise de titre pour son ultime programmation, en référence à l’affirmation d’Ivan Chtcheglov en 1958, dans le premier numéro de L’Internationale situationniste: «Il faut construire l’hacienda.» Selon Christian Bernard, «l’idée de foyers fortifiés de résistance et de subversion semblait alors un horizon souhaitable. Cette idée, réinventée en 1991 par Hakim Bey et ses TAZ (Zones d’Autonomie Temporaire), s’est effondrée sous les assauts conjugués du progrès du libéralisme économico-politique et du désenchantement de la pensée critique». « Sur les cendres de l’hacienda » fait suite à « Dans la pluralité des mondes » en 2016, puis « Fracas et frêles bruits », des titres qui «forment un commentaire de notre condition contemporaine», assure Christian Bernard.
Vingt-huit lieux sont cet automne investis par la cinquantaine d’artistes invités, «certains, très jeunes, présenteront les prémices de leur œuvre tandis que d’autres, décédés, verront saluée leur mémoire. Hommage sera aussi rendu à des artistes morts l’an dernier (Siah Armajani, Jean-Marie Krauth) ou il y a plus longtemps (Marie Bourget, Adrien Dax, Toni Grand, Kiki Kogelnik) et qui continuent de nous parler au présent de nos questions.»
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros
du 17 septembre au 17 octobre, du mercredi au dimanche, de 10h00 à 19h00, nocturnes les 17 et 18 septembre (entrée libre).