Un improbable et fascinant duo féminin
Comment oublier le précédent opus de Rachel Joyce, cette romancière anglaise : La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry…, à la lecture de son nouveau roman ? Impossible car les éléments profonds du texte sont les mêmes. Mais pas seulement. Nous retrouvons aussi avec un plaisir sans mélange ce style direct, presque documentaire, fait de simplicité, de naïveté, un style qui vous désarme dès les premières lignes et vous invite le sourire aux lèvres pour un voyage qui, tout comme celui d’Harold Fry, prendra la forme d’un chemin de rédemption. Sauf que cette fois, ce seront deux pèlerines qui vont le faire. Deux femmes que rien n’aurait dû réunir.
Nous sommes au milieu du siècle dernier, dans l’Angleterre du début des années 50. Miss Benson ne supporte plus son statut d’enseignante dans ce Londres machiste, gris et pluvieux et se lance dans une quête mystérieuse, celle d’un scarabée d’or. C’est son défunt père qui lui en a parlé. Il semble que l’insecte se trouve en… Nouvelle-Calédonie. Autrement dit à l’autre bout du monde pour cette femme même pas quinquagénaire. Miss Benson se doute bien qu’il lui faudra une assistance. Au bout d’une poignée de castings, elle va « tomber » sur Enid. En fait son opposé. Blonde pétard, habillée de manière extravagante, Enid, arborant ses 26 ans flamboyants, est le contraire de la brune et sévère Miss Benson. Contre mauvaise fortune… Les deux femmes s’embarquent, emportant dans leurs valises bien des secrets.
Ce qu’elles ignorent, c’est qu’un candidat-assistant éconduit, ancien prisonnier de guerre des Japonais et un brin « désorienté », est arrivé à les suivre. Dans quel but ?
Visiblement fort documenté sur l’univers des coléoptères, ce roman est avant tout une merveilleuse aventure d’amitié au sein d’un monde hostile, celui de la jungle néocalédonienne, un monde bousculé par des typhons effroyables qui ne feront cependant pas reculer nos deux « Indiana Jones » de l’entomologie.
Le charme de la plume de Rachel Joyce opère encore une fois et il serait fort étonnant que vous ne refermiez pas ce livre avec des papillons aux allures de scarabées d’or dans les yeux. Un voyage formidablement émouvant et vraiment « inoubliable » !