Fin 2020, les Halles de la Cartoucherie ont ouvert leurs portes pour de bon. Ce projet révolutionnaire, qui préfigure la Ville de demain, allie culture, sport, santé et bien-être, gastronomie et espaces de travail, le tout à quinze minutes en tramway du centre-ville. L’un de ses principaux artisans, Gilles Jumaire, nous en dit plus, et nous parle aussi de la Préfig, premier coup de brigadier avant le lever de rideau définitif…
Avant ce projet des Halles de la Cartoucherie, vous avez été tourneur, notamment à Bleu Citron…
Gilles Jumaire : Oui, je suis Touranjeau d’origine mais j’ai longtemps travaillé à Paris. J’y ai créé Bleu Citron en 1986, qui était alors un label de disques et d’édition. Mais parallèlement à cela, j’ai aussi été producteur de spectacles où j’ai travaillé avec des gens comme Jacques Higelin ou Guy Bedos. Puis j’ai été directeur de la programmation du Printemps de Bourges pendant dix ans. J’ai ensuite monté une société avec le PDG du Printemps de Bourges et Alain Lahana : on produisait des concerts comme Tears For Fears, Phil Collins voire même les Rolling Stones au Stade de France en 1998. Malgré mon amitié – toujours actuelle – pour mes deux associés, j’en ai eu un peu marre des grosses productions, et je suis arrivé à Toulouse. En 1998, j’ai développé Bleu Citron différemment, autour de la production de spectacles et de l’accompagnement d’artistes. Il y a deux ans, j’ai donné mes parts à mes associés, et je suis parti sur ce projet de la Cartoucherie.
Vous aurez été finalement de tous les côtés du métier : label, éditeur, programmateur (y compris en festival), tourneur et maintenant lieu de spectacles…
Oui, je m’ennuie toujours au bout d’un moment, et j’ai envie de voir autre chose.
Et, à chaque fois, vous n’avez pas peur de lâcher quelque chose qui marche pour vous lancer dans un projet qui part de zéro…
Je ne me pose jamais la question, à vrai dire. Même si c’est difficile. Je crois beaucoup au travail et à la volonté…
Je pensais, comme beaucoup de gens, que les Halles de la Cartoucherie étaient un projet public, financé par la ville, mais en fait, pas du tout…
Non. C’est un projet privé entre six associés, dont Sylvain Barfety qui est à l’origine du projet, fort de son expérience avec Darwin à Bordeaux. Nous avons eu besoin de l’autorisation de la Ville de Toulouse qui a accepté de nous vendre le site et le bâtiment. Notre projet représente un budget de 27 millions d’euros, financé à 20% par les six associés, à 10% par l’Europe et la région pour la réhabilitation du bâtiment aux normes écologiques, et à 70% par les banques.
Ce projet marie des activités et secteurs qu’on n’associe généralement pas : gastronomie, sports, culture et business. C’est une des originalités des Halles de la Cartoucherie…
Chacun des six associés va gérer son activité dans des domaines, vous l’avez dit, très variés : espace bien-être, Halle gourmande, installations sportives, salle de spectacle (de 500 à 800 places), espace jeunesse, espace de co-working…
Qu’est-ce que vous appelez espace de co-working ?
Un espace de 3000 m2 dans lequel différentes structures, sociétés, ou encore des gens de passage se côtoieront. Prenons l’exemple de visiteurs étrangers qui viennent s’installer un ou plusieurs jours chez nous pour des rendez-vous d’affaires. Ils profiteront aussi des autres infrastructures comme les lieux de restauration de la Halle gourmande (qui réunira plusieurs restaurants et cuisines aux saveurs très différentes).
Il y a aussi une dimension citoyenne avec des projets autour des sans-abri, de l’écologie, de la promotion d’une mobilité douce…
Oui, totalement. On a refusé de se focaliser sur le problème d’un parking pour les voitures. On préfère responsabiliser écologiquement les gens en les incitant à venir par les transports en commun. Il y a aussi la conciergerie de quartier, qui existe déjà à Arnaud-Bernard, et qui rend des services au quotidien pour les gens du quartier. Les Halles de la Cartoucherie seront un lieu de vie : on vient pour s’y balader, y manger, boire un verre, assister à un spectacle… La salle de spectacle ne sera pas cantonnée à un type d’expression artistique ; il y aura de la musique, de la danse, du cirque,… Nous sommes à l’écoute de tous les projets.
Y a-t-il d’autres expériences de la sorte en France ?
Non, on sera les premiers, dans cette dimension pluriculturelle, plurifonctionnelle. Mais on s’est inspiré de différentes projets comme Darwin à Bordeaux ou du Mercado da Ribeira à Lisbonne (pour la Halle Gourmande). Mais rien de tel n’existe encore à une échelle comme la Cartoucherie.
Combien de personnes vont-elles travailler sur le site ?
Près de 200 personnes. La Halle gourmande représentera la part la plus importante des effectifs.
Les Halles de la Cartoucherie seront un véritable pôle de vie, dynamisant ce quartier assez calme car éloigné du centre. C’est aussi l’objectif et le but, créer de la vie dans ce quartier et en faire un lieu d’attraction incontournable de la ville ?
Oui, c’est un lieu qui va vivre vraiment, qui commencera au petit déjeuner (avec la Halle gourmande) jusqu’à deux heures du matin, sept jours sur sept.
C’est un lieu qui s’intègre dans la ville, pas de grilles ou de fermeture physique…
Surtout pas. C’est un lieu de vie, un lieu de passage. On veut faire vivre ce quartier.
Les Halles de la Cartoucherie
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