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Geoffrey Secco • Le Bascala

by Bruno del Puerto

Geoffrey Secco est musicien. Il est aussi passionné de conscience et de spiritualité. Dans son spectacle « Au-delà », il décide de mêler ses passions et de joindre saxophone et hypnose. L’événement aura lieu le 7 décembre au Bascala de Bruguières. « Au-delà » est un concert sous hypnose, il y est question de vie après la mort et d’Expérience de Mort Imminente.

Crédit Barbara Nicoli
Geoffrey Secco propose un nouvel angle du saxophone./ Crédit: ©Barbara Nicoli

Vous avez commencé la musique à 6 ans. Comment en êtes-vous venu à être sensibilisé à l’hypnose rapidement ?

J’ai commencé la musique en autodidacte sur un piano et j’ai pris des cours de saxophone. Mon prof m’a parlé d’une audition qui aurait lieu en fin d’année. Il m’a dit « pour préparer l’audition, le mieux, c’est de la visualiser. En allant te coucher, tu visualises comment tu montes sur scène, comment tu t’accordes, comment tu joues devant les gens. » Sans mettre le mot hypnose derrière, il me préparait comme on prépare un sportif avec la préparation mentale. Finalement, j’ai gardé cette façon de m’entraîner, dans l’imaginaire. Quand on sort de l’hypnose, on se rend compte qu’il y a beaucoup de choses qui sont basées sur l’imaginaire et sur la visualisation.

J’ai commencé l’hypnose et l’autohypnose de cette façon-là. Par exemple, quand j’étais dans le train et que je n’avais pas mon instrument, je m’imaginais comment travailler les choses. Et quand je descendais du train en prenant mon sac, je me suis dit que j’avais progressé. Voilà comment je m’y suis mis. Par la suite, je me suis quand même formé en hypnose, à l’Arche, à l’académie Eriksonienne de Paris. C’était une formation qui durait 2-3 ans et qui était beaucoup plus sérieuse.

Quelle est votre définition de l’hypnose Ericksonienne ?

Avant Milton Erickson, l’hypnose a évolué sous différentes formes et noms, comme le magnétisme animal, utilisé par le Mesmer historique, au XVIIIe siècle. Puis l’hypnose utilisée par Charcot et Freud pour traiter l’hystérie. Ils utilisaient des suggestions directes. C’est en 1950 que Milton Erickson utilise les suggestions indirectes. Par exemple, à table, au lieu de dire «passe-moi le sel», on dirait « ça manque un peu de sel ». Là, vous ne demandez le sel à personne, mais il y a des personnes qui vont vous le donner parce qu’elles ont su la suggestion indirecte comme quoi il fallait donner du sel. Ça s’appelle l’hypnose Ericksonienne. Contrairement à l’hypnose directe, utilisée dans des spectacles où seules les personnes les plus réceptives montent sur scène, mon spectacle utilise l’hypnose Ericksonienne. Il n’y a personne qui va monter sur scène. C’est l’hypnose qui va embarquer toute la salle en plus de la musique qu’on joue sur scène.

Comment avez-vous eu l’idée de mêler hypnose et musique ?

L’idée a mis du temps à venir, mais j’ai toujours été branché par la conscience, la spiritualité, les capacités du cerveau, ce genre de choses. Je me demandais comment j’allais pouvoir réunir les deux. Parce qu’à partir de maintenant, je suis musicien professionnel, j’ai commencé à faire plein de tournées, je voyais de nombreux musiciens, je jouais à la télé. Je me disais « Mince, il y a tout ce côté de développement personnel qui me manque, comment je peux réunir tout ça ? »
Je me suis formé à la médecine chinoise, en énergétique. J’ai touché à tout, mais sans y aller à fond.

À un moment donné, je suis parti en Australie pour composer un album sur les cinq éléments de la médecine chinoise du Tao. En revenant en France, j’ai commencé à faire des concerts en parlant de ces cinq éléments, de comment ça pouvait créer des sensations dans le corps, etc. J’ai vu que les gens fermaient les yeux et partaient dans une sorte de transe. Je connaissais bien la transe parce que j’en avais vécu plein avec la musique et avec ma façon de visualiser les auditions, etc. Donc je me suis dit « Tiens, c’est marrant, ils partent un peu en état d’hypnose, ce serait marrant d’amplifier ça et de faire des concerts sous hypnose ». J’ai tapé sur Google «concert sous hypnose», j’ai vu que ça n’existait pas et donc je l’ai créé.

Vous dites que vous avez toujours eu une sensibilité pour la spiritualité. Vous abordez la question de la vie après la mort, est-ce un questionnement que vous avez toujours eu également ?

Je me suis posée la question de « tiens, il se passe quoi après la vie ? » et je pense que c’est une question que tout le monde se pose, je pense aux alentours de 10-12 ans dans ces eaux-là. A cette époque, je lisais plein de bouquins sur la mythologie qui racontait ça. J’ai lu la mythologie égyptienne, gréco-romaine. Après il y a eu les bouquins de Bernard Werber qui parlent de ça, de ce qui pourrait se passer après la vie. Toutes les traditions en parlent. Toute l’humanité a essayé d’expliquer ce qui pourrait se passer.

De lire tout ça, j’ai eu moins peur de la mort et je me suis senti beaucoup plus en confiance. C’est étudié en psychologie : toutes les personnes qui n’ont pas peur de la mort, n’ont pas ou ont moins peur de la vie. C’est tout simplement quelque chose que je souhaite partager. On a tous en nous un besoin de connexion à ce qui nous dépasse, une forme de spiritualité, une forme d’envie de croire en quelque chose. Même si on ne sait pas encore ce que c’est.

L’idée de ce concert, c’est d’aller explorer ce qu’on croit et ce quoi que l’on croie. Que l’on soit catholique, juif, bouddhiste, agnostique. Il n’y a pas de code, je ne dis pas « après la vie ça se passe exactement comme ça ». Là, les gens explorent ce qu’ils veulent finalement.

Dans votre spectacle, vous parlez aussi d’Expérience de Mort Imminente (Une situation où les personnes sont en état de mort clinique. Ils voient le tunnel lumineux, ils peuvent voir leurs défunts avant de décider s’ils reviennent ou non à la vie). Avez-vous des retours de ce que vivent les gens pendant votre spectacle ? Que voient-ils ?
Oui, le concert s’inspire des différentes traditions, mythologie, effectivement. Puis de ce que propose la science qui est un petit peu la nouvelle religion, on va dire. Aujourd’hui, on croit à ce que la science nous dit et on a bien raison.
La science nous dit qu’il y a 5% de la population qui a vécu des Expérience de Mort Imminente. C’est un terme qui a été aussi créé par la science, par des médecins. Il y a des phénomènes qui sont bien répertoriés.
Il y a une douzaine de phénomènes : la sensation de sortir du corps, la sensation de rencontrer un être de lumière (ça peut être un proche disparu), une sensation que le temps n’existe plus. Voilà, il y a 12 ou 16 sensations comme ça qui sont répertoriées et qui ressemblent beaucoup à ce que nous disent les autres traditions.
On voit qu’il y a quand-même un tronc commun avec toutes les pensées de notre humanité.
Je m’appuie beaucoup sur le scénario d’Expérience de Mort Imminente effectivement. Après le concert, les gens ont vécu quelque chose qui s’en rapproche en étant dans un état hypnotique. C’est-à-dire que par imagination, ils ont approfondi et développé leur imagination. Ils ont vécu quelque chose qui s’en approche.
C’est très beau parce que les personnes qui ont fait des Expériences de Mort Imminente disent qu’ils sont connectés à une sensation d’amour absolu, de diminution de l’égo. Ça ressemble beaucoup à ce que proposait le bouddhisme. Il n’y a plus d’égo, de « moi je ». Il y a juste une connexion à tout.
L’idée de ce concert c’est de pouvoir proposer une expérience d’extase, d’unité et d’élargissement de la conscience.

Côté musical, qu’est-ce qui vous inspire pour embarquer le public ?
Il y a mon expérience personnelle, de connexion, d’éveil, de choses qui peuvent m’arriver de temps en temps. En me connectant à ces sensations là, j’essaye de trouver une musique qui peut faire ressentir cet état-là. D’un point de vue artistique, il y a plein de groupes que j’aime bien qui arrivent à traiter le saxophone comme un instrument ethnique ou folklorique que comme le saxophone qu’on connait dans son rôle habituel soit un peu Ibiza, soit un peu Jazz qui est quand même assez connoté.

L’idée c’est que la musique soit connotée de façon cosmique. Il faut donner un côté cosmique au Sax et ça je pense que ça passe par un côté un peu folklorique qui ramène à des rituels ou à un imaginaire de spiritualité.

Pouvez-vous nous donner les bonnes raisons de venir assister à votre spectacle ?
C’est une très bonne question. C’est écouter la musique plus profondément que d’habitude car généralement on peut écouter de la musique en faisant autre chose. Là, on va écouter la musique les yeux fermés donc on va être complètement dans l’écoute. Ensuite, l’autre bonne raison c’est qu’en ayant les yeux fermés en écoutant la musique, l’esprit va commencer à vagabonder dans un monde imaginaire, intérieur et personnel qui est notre propre inconscient. Nous n’avons pas beaucoup d’occasions de nous connecter à notre inconscient. Il y a à travers les rêves pendant la nuit mais sinon on s’y connecte peu. L’idée va être de nous connecter à l’inconscient mais aussi de trouver les ressources et de trouver des choses qui peuvent nous aider dans la vie. Par exemple il va y avoir des personnes qui vont pouvoir retrouver un proche disparu, ils vont pouvoir lui dire ce qu’ils n’ont jamais pu lui dire : lui dire merci, lui dire je t’aime, je te pardonne… Ce genre de choses.
Encore une fois, j’insiste bien que tout ça c’est imaginaire, les gens ne vont pas rencontrer des esprits. C’est vraiment de l’ordre de l’imaginaire, de l’hypnose, de la psychologie.

Il y a aussi la sensation de communion, c’est-à-dire que quand les gens rouvrent les yeux, ils vont se dire « ah oui quand-même, j’ai partagé ça avec 600 personnes. On a tous partagé quelque chose de fort, de profond. » Ça créé quelque chose d’assez beau, de se dire : « Ah oui, je fais partie de tout ce truc-là ».

Emma Lorsery

Le Bascala (Complet)

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