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Orchestre national du Capitole • Frank Beermann (direction)

by Bruno del Puerto

Mozart et Bruckner, de nouveau réunis à la Halle

C’est pour le samedi 19 octobre à 20h. Les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sont dirigés par le chef Frank Beermann dans la Symphonie n°4 “Romantique“ de Bruckner. L’ouverture du concert se fera sous les doigts du pianiste Adam Laloum. Il interprète le Concerto pour piano n° 24 en ut mineur de Mozart.

Frank Beermann © Julia Bauer
Frank Beermann © Julia Bauer

Faut-il présenter les artistes de ce concert ? Que ce soit, le chef, que ce soit le jeune pianiste, ils sont tous les deux adorés du public de la Halle. En tant que chef dans la fosse, Frank Beermann a une aura qui coiffe le Théâtre du Capitole où ses prestations sont à chaque fois triomphantes. Pendant qu’Adam Laloum attire les foules que ce soit à la Halle ou dans d’autres concerts ou récitals comme la Salle Capitulaire ou le Théâtre Garonne. Il pouvait dire en son temps ces quelques mots toujours valables : « Évidemment, l’époque dans laquelle nous vivons, exige une grande solidité mentale, mais Schumann est mort fou, Chopin était très dépressif, et je crois que pour être un bon interprète, il faut une sorte d’empathie, essayer de pénétrer dans le monde des compositeurs, cela demande beaucoup d’intelligence et de sensibilité. Les expériences de la vie (intérieure et extérieure) sont très importantes, elles font les interprètes que nous sommes. Il me semble que parfois, on perd le sens des priorités, la dimension artistique de notre métier, bien que nous ne soyons que des interprètes. » Notre toulousain déroule une magnifique carrière. De plus, Adam Laloum a déjà été soliste dans un concert Mozart-Bruckner à la Halle avec le Concerto Jeunehomme n° 9 et la Symphonie n°6, le chef étant Josef Swensen.

Le concert de ce 19 octobre sera aussi une chance pour les étudiants présents puisque donné le 17 octobre à leur intention.

Adam Laloum © Marco Borggreve
Photo: Marco Borggreve for Harmonia Mundi

Le Concerto pour piano n° 24 aura un enivrant parfum puisque- paraît-il, c’est avec ce cette œuvre de Mozart qu’Adam Laloum fut victorieux du grand Concours Clara Haskil en 2009, véritable sésame pour tout pianiste, un concours emporté par les plus grands depuis son existence et dont on se dispensera de faire la liste.

Donc, quelques mots sur ce Concerto n° 24 en ut mineur, K. 491, en sachant que ce n’est pas le premier de Mozart qu’Adam a pu interpréter à la Halle. Il y eut le 9, et le 21, et le 23.

Tout d’abord, il est dit que dans le catalogue du créateur, les œuvres écrites en mineur sont les moins nombreuses, mais qu’elles sont toujours des compositions exceptionnelles, d’une portée particulière.

Ce n°24 vient en dernier dans les trois nouvelles compositions de la saison 1785-86, après le n° 22, ample et amer, à nouveau empreints d’une pompe conventionnelle, suivi du n° 23, lyrique et intime. Il achève ainsi le 14 mars 1786, ce n° 24 que l’on pourrait qualifier d’œuvre “symphonique“. En ces instants, Mozart se révèle complètement comme un virtuose du concerto. C’est une composition d’exception car jamais Mozart n’avait exigé un orchestre aussi imposant pour un concerto et, jamais plus il ne le fera. La partition prévoyait un chœur d’instruments à vent (sauf des hautbois et des clarinettes) avec trompettes et timbales. On note, pas de cadences consignées par écrit. D’emblée, le début à l’unisson du thème principal, les teintes menaçantes et baroquisantes évoquent plus une symphonie du fameux Sturm und Drang qu’un divertissement musical “agréable“. Une rupture nette avec certains concertos composés auparavant pour satisfaire les goûts du public viennois. Le piano semble intégré plus strictement que d’habitude les événements musicaux des différents thèmes. Il persévère jusqu’au finale offrant une marche rapide et inquiétante, conservant jusqu’au bout un âpre ton mineur. Il n’y aura plus que trois concertos pour piano, 25, 26 et 27. 1786, c’est le temps où il occupe sa plus belle et coûteuse demeure à Vienne – 8 rue Schulerstrasse et qu’il connaît à Prague un triomphe éclatant avec ses Noces de Figaro.

Trente minutes environ avec Allegro – Larghetto – Allegretto.

Orchestre national du Capitole © Romain Alcaraz
Orchestre national du Capitole © Romain Alcaraz

Anton Bruckner, et sa Symphonie n°4 « Romantique »

[4 septembre 1824, Ansfelden (Haute-Autriche) – 11 octobre 1896, Vienne]

Anton Bruckner ou le bâtisseur de cathédrales sonores intemporelles, le gothique mystique égaré en pleine fin du romantisme. Il va emplir la salle de ses vagues musicales impressionnantes, semblant monter à l’assaut des tours de cathédrales. À son écoute, ne soyez pas étonné d’avoir une pensée irrésistible pour notre cathédrale miraculée, Notre-Dame de Paris, condamnée à brûler. Une œuvre gigantesque que cette Quatrième qui ne pourra vous être indifférente. Pour la version retenue, 60 à 65 minutes pour monter au ciel. Et davantage en fonction des états d’âme du chef ! Enfin, difficile de dater l’ouvrage car il en existe de multiples versions. Et si l’on retient Neuf Symphonies, on sait qu’avant la n°1, il y eut la n°0, et même la n° 00,…

« Il est des âmes méditatives que la solitude et la contemplation élèvent invinciblement vers les idées infinies, c’est-à-dire vers la religion. Toutes leurs pensées se convertissent en enthousiasme et en prière, toute leur existence est un hymne à la divinité et à l’espérance. Elles cherchent en elles-mêmes et dans la création qui les environne des marches pour monter jusqu’à Dieu, des expressions et des images pour se révéler à elles-mêmes, pour se révéler à Lui. Il y a des cœurs brisés par la douleur, refoulés par le monde, qui se réfugient dans le monde de leurs pensées, dans la solitude de leur âme, pour prier, pour attendre, pour adorer. »      Lamartine.

Toute la vie et l’œuvre d’Anton Bruckner, tout leurs sens peuvent se trouver définis dans cette pensée d’Alphonse de Lamartine que l’on dirait spécialement écrite pour le petit paysan d’Ansfelden : s’y trouvent enfermées sa longue quête de soi, sa dure ascension vers les cimes d’un Idéal entrevu dès l’enfance, sa généreuse offrande au Maître de l’Univers.

Anton Bruckner
Anton BRUCKNER – photo de Ludwig Grillich 1880

Symphonie n°4 en mi bémol majeur « romantique » (version 1874),

Version dans une édition de Leopold Nowak.

Création le 20 février 1881 à Vienne par le chef Hans Richter et les Philharmonistes : succès sensationnel. Puis, révisée à plusieurs reprises et enfin, retour à la version initiale en…1975 !!

1. Allegro molto moderato – Bewegt, nicht zu schnell
« mouvementé mais pas trop rapide »

2. Andante quasi allegretto

3. Scherzo : Bewegt « agité »
Trio : Nicht zu schnell, keinefalls schleppend
« pas trop vite, mais sans traîner »

4. Finale : Bewegt, doch nicht zu schnell « animé, mais sans précipitation »  

« J’ai mis longtemps, non seulement pour reconnaître les arcs grandioses de l’architecture des œuvres de Bruckner, mais aussi pour arriver à les interpréter. Ce qui m’émeut d’une manière presque “irréelle” c’est le reflet d’un ordre cosmique. » Günter Wand (1912-2002), chef d’orchestre

Impression générale : base de la musique de Bruckner, les pupitres de cordes en sont l’assise, le centre de tout, capable d’une puissance sidérante comme de pianissimos les plus éthérés. Alors, les cuivres pourront incarner la gloire, la puissance, mais toujours autour des cordes.

Quelques mots sur Anton Bruckner, “Le ménestrel de Dieu“ : cliquez ici

Au sujet des quatre mouvements : impressions, simplement, car il faudrait un livre… cliquez ici

Michel Grialou

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