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théâtre Garonne • GLITCH WITCH

by Bruno del Puerto

Le théâtre Garonne accueillera du 16 au 18 octobre, pour une première mondiale, la toute nouvelle création de la chorégraphe Meg Stuart, accompagnée de la danseuse Omagbitse Omagbemi et de la musicienne Mieko Suzuki.

Trois femmes surgissent de nulle part au milieu d’une terre ravagée. Elles se frayent un chemin dans la cendre de ce décor post-apocalyptique, où des roches en forme de boules à facettes scintillent d’une lune lointaine perdue dans les cintres. Elles portent des combinaisons comme pour se protéger d’éventuelles radiations. Mais s’agit-il d’un site post-industriel anéanti par une explosion, d’une planète inconnue et hostile, ou d’une discothèque dévastée par un incendie ?

Glitch Witch 02
GLITCH WITCH © Jubal Battisti

À travers un nouveau langage corporel initié et joué par la chorégraphe Meg Stuart, accompagnée de l’interprète Omagbitse Omagbemi, surgit une tentative d’apprivoisement de ce lieu sombre et dépeuplé. Il résonne et s’amplifie de la musique envoûtante et hypnotique de Mieko Suzuki. Composée à partir d’enregistrements de terrain, de crépitements de circuits électriques ou encore de fragments de disques vinyles, cette musique électronique inspirée de l’esthétique Glitch, prend comme composante essentielle l’accident, « le grain de sable », la poussière de trop, le surgissement de l’imprévisible. Et de cette petite fêlure — ou failure pour le dire autrement — dans la continuité d’une rythmique, naît un nouveau champ de conscience dans lequel va s’engouffrer la lumière : There is a crack in everything, That’s how the light gets in (citation tirée de la chanson Anthem de Leonard Cohen). Cette bande-son, mixée sur le plateau, dialogue avec les corps en mouvement, qui répondent à la musique et l’orientent, la guident. Un dynamique à laquelle la Dj Mieko Suzuki elle-même ne peut succomber puisqu’elle danse aussi aux côtés de Meg et Omagbitse.

Glitch Witch 01
GLITCH WITCH © Jubal Battisti

« De cette rétro-fiction futuriste » qui s’intitule GLITCH WITCH, émerge petit à petit du lien, de la connivence entre les interprètes. Leurs différences ethniques tout autant que physiques, n’entravent en rien ce flux commun qui cherche à créer du sens et habiter le chaos. Bien au contraire. Elles subliment cette tentative de reconnaissance et d’unification, tout comme la force de leur vécu imprimé dans leur corps et leurs mouvements. Un vécu qui dépasse les 40 années comme le veut le Dance On Ensemble, une compagnie fondée à Berlin en 2015, dont la danseuse Omagbitse Omagbemi est issue, et qui revendique la valeur de l’âge de ses danseurs et danseuses. Et comme s’il fallait briser d’autres codes, transgresser d’autres barrières, l’ensemble berlinois lance la série « Encounters » dans laquelle les chorégraphes deviennent visibles sur scène grâce à une rencontre avec un membre de l’ensemble. Le processus créatif devient alors transparent, il se fluidifie, montre ses coutures. Et pour ce tout premier opus, c’est la chorégraphe Meg Stuart qui répond à l’invitation du Dance On Ensemble à créer une pièce pour la danseuse Omagbitse Omagbemi. Le théâtre Garonne, qui collabore et soutien Meg Stuart et sa compagnie depuis 2011, coproduit et accueille la première mondiale de ce spectacle du 16 au 18 octobre.

John Lavoignat

Texte écrit à l’issue d’une répétition vue en septembre au CCN d’Orléans



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