Huit ans après le succès de Petit pays, Gaël Faye fait son grand retour en cette rentrée littéraire en publiant Jacaranda, aux éditions Grasset. Une fois encore, un texte fort qui marque les mémoires.
Milan vit en France avec son père et sa mère originaire de Rwanda. Le Rwanda, on n’en parle pas beaucoup dans la maison. Pour une raison obscure, le sujet semble tabou pour la mère. Jusqu’à cette soirée de 1994 où, au journal télévisé, tourne en boucle les images d’un massacre perpétré sur le territoire rwandais.
Milan découvre à la fois le lieu de ses origines et une histoire terrifiante. Lorsqu’il cherche à en savoir plus, la mère se terre à nouveau dans le silence. De même lorsqu’elle rentre un soir avec un garçon chétif et blessé à la tête. Un rescapé du génocide, un membre de la famille, Milan n’en saura pas plus. Et le garçon repartira aussi discrètement qu’il est venu.
Reconstituer l’histoire
Les années passent. Milan, devenu adolescent, ne repense plus à tout cela. Puis sa mère lui propose de l’accompagner au Rwanda. Il n’en revient pas. Sa mère qui refusait de parler du pays, qui n’y était jamais retournée depuis des années, pourquoi ce revirement ? D’abord, il refuse puis il consent à l’accompagner. Peut-être trouvera-t-il dans ce voyage des réponses à ses éternels questionnements.
D’abord, le choc. Ce pays est si différent, si marqué par l’histoire récente. Il rencontre ensuite sa grand-mère et retrouve également le jeune garçon blessé d’alors, Claude, devenu lui aussi un homme. Ce premier voyage fondateur sera le début d’incessants allers et retours afin de saisir l’énergie et la force de ce petit pays. Claude sera un compagnon de tous les instants. Mais aussi Sartre, un rescapé qui vit entouré de livres et de musique. Milan sera un témoin et un observateur de la reconstruction, difficile mais nécessaire.
Gaël Faye signe un second roman très sensible et à la jonction entre l’histoire collective et les trajectoires individuelles. Sur le fil, il suit les personnages sans jamais tomber dans le vide, sans jamais tomber dans la démesure ou les clichés. En équilibriste attentif, il manie l’écriture avec force et tact. Une qualité qu’on lui connaissait déjà et qui se confirme dans ce texte très poignant.