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Pas de vagues, de Teddy Lussi-Modeste

by Anthony del Puerto

Mortel Ronsard

Après un tétanisant Salle des profs (Ilker Çatak) il y a quinze jours à peine, voici un autre long de la même veine, tout aussi traumatisant et porté par un François Civil décidément éblouissant.

Pas De Vague
François Civil (Julien) – Crédit : Kazak Productions

De nos jours, un collège que l’on devine situé dans une zone à risque. Julien, jeune professeur de français trentenaire, tente de créer un lien avec sa classe. Il enseigne aujourd’hui une ode de Ronsard, Mignonne, allons voir si la rose. Afin d’impliquer les élèves dans cette poésie, il prend Leslie (Toscane Duquesne) comme exemple. Celle-ci, un rien introvertie, se sent pâlir sous la risée ridicule de sa classe et en parle à sa famille, une famille vivant sous le joug vénéneux d’un grand frère complètement abruti.

Elle envoie une lettre à la direction du collège dans laquelle elle se prétend harcelée par Julien, relevant même qu’en l’observant il lui arrive de resserrer la ceinture de son pantalon. Le grand frère menace de mort ce pauvre professeur. Ses collègues, un temps compatissants, vont finalement se diviser. Quant au directeur, un seul mot : pas de vagues. Mais pour Julien, son quotidien est devenu invivable.

D’autant qu’alors surgit sur les réseaux sociaux une vidéo le mettant en scène dans une situation privée lors d’une fête dans une boite de nuit, tendrement enlacé par… un homme.  Il décide de porter plainte. La Police refuse et accepte juste du bout des lèvres une main courante.

L’enfer vient de s’ouvrir sous les pieds du jeune homme. 

Quant au spectateur, il va vivre 92’ de montée permanente d’une tension dramatique, irrespirable, quasi insupportable. D’autant que l’histoire a été vécue par le réalisateur lui-même, alors qu’il était enseignant !  Ce film insiste, à juste titre, encore une fois, sur l’abandon dans lequel se trouve le personnel enseignant aujourd’hui face à la violence des élèves. N’importe quel geste, n’importe quel regard peuvent être les éléments déclencheurs de cataclysmes sociétaux inimaginables, en particulier par ceux qui les provoquent.

Des dialogues à l’acier trempé et un montage sans le moindre temps mort vous entraînent dans une course à l’abîme dont on sort littéralement meurtris. D’autant que Julien n’est autre que François Civil. Débarrassé des flonflons de Milady, le revoici au mieux de son immense talent. Avec cette capacité unique de vous faire entrer en empathie immédiate avec ce professeur victime des errances de notre époque. Son regard perdu de naïveté, d’une candeur qui croît encore en l’humain, sa résilience malgré tout qui lui permet d’assurer ses cours devant des élèves qui veulent sa tête, tout cela et bien d’autres éléments font de ce film un plaidoyer impitoyable en faveur de ce corps de malheureux sacrifiés vouant, comme je l’écrivais pour Salle des profs, leur vie à nos enfants.

A voir absolument !!!

Robert Pénavayre


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