Eblouissante fable fantastique
En sortant de la projection des Combattants, le premier film de Thomas Cailley, César du Meilleur premier film en 2015, nous étions persuadés que l’Hexagone tenait là une véritable pépite. Tout juste alors trentenaire, ce jeune cinéaste avait convaincu autant la profession que le public. Du coup, il n’est rien de dire combien nous attendions la suite. En fait c’est la confirmation éblouissante d’un talent qui ne l’est pas moins.
Le Règne animal est clairement une fable fantastique teintée d’écologie. L’action se passe aujourd’hui, chez nous (les Landes de Gascogne) et ne fait appel à aucun superpouvoir. Le film nous parle, sans en donner ni les débuts ni la fin, d’un phénomène de mutation touchant certains humains, ces derniers se transformant en animaux. Le phénomène est connu de tous, plus ou moins toléré, d’autant que parfois les mutants deviennent agressifs. Il est donc décidé de les parquer. La scène liminaire nous met en présence d’une famille dont la mère est atteinte d’hybridation. Elle est hospitalisée car les médecins pensent pouvoir au moins stopper ou ralentir la mutation. François, son mari, et Emile, son grand ado de fils, vont la voir. Mais le calvaire de François ne fait que commencer car bientôt c’est Emile qui se trouve atteint. François refuse qu’il soit enfermé dans une réserve et tente tout pour cacher les effets de la mutation.
C’est un film qui appartient, du moins espérons-le, au genre fantastique. Il creuse cependant et profondément les liens de la filiation dans une relation père-fils d’une bouleversante ampleur émotionnelle. Bien sûr, il y a des effets spéciaux, plutôt réussis d’ailleurs, mais ce n’est pas l’objet du film. La question est de savoir comment nous pourrions réagir face à une pareille pandémie. Certaines scènes sont hallucinantes, notamment la chasse dans le champ de maïs. Pour incarner ce film, il fallait deux acteurs hors normes. C’est le cas de Romain Duris, fiévreux François prêt à tout, boule de rage et d’amour incontrôlable. Et puis, il y a Paul Kircher. Son personnage d’Emile atteint ici des dimensions tragiques dont seuls de très grands acteurs sont capables. Et il a 23 ans ! Figeant une normalité que tout son être est en train de rejeter, il donne le frisson autant qu’il nous serre la gorge et nous fait monter les larmes aux yeux. Une prestation incroyable ! Je vous laisse découvrir Fix, l’homme-oiseau, incarné par un stupéfiant Tom Mercier. Un autre monument !
Décidément et assurément, le film à ne pas manquer !
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