La Sylphide, éternelle jeunesse du premier grand ballet romantique
Production de l’Opéra national de Bordeaux, le Capitole ne pouvait pas ouvrir la saison de ballets autrement qu’avec ce rêve d’une poésie magique. Huit représentations de La Sylphide au Théâtre du 20 au 29 octobre pour la version du chorégraphe August Bournonville de ce ballet en deux actes, version créée le 28 novembre 1836 au Théâtre Royal de Copenhague.
L’argument d’August s’appuie sur le livret initial d’Adolph Nourrit, fameux ténor d’alors, et sur un conte de Charles Nodier. Tous les thèmes et les ingrédients alors en vogue, vont être savamment agencés par le ténor pour construire l’archétype du ballet romantique. Ce sera La Sylphide de Filippo Taglioni en 1832. C’est Jean Schneitzhoeffer qui composa la musique de cette première Sylphide dansée par la fille Taglioni, Marie et son frère Paul.
Pour la version de 1836, la musique vient du Nord, d’un très jeune musicien et néanmoins baron Herman Severin Løvenskiold. Il compose cette musique à 21 ans. Il est repéré par Auguste Bournonville revenu au Danemark pour diriger le Théâtre royal danois en succédant à son père. Pour l’anecdote, à l’acte II de La Sylphide de Bournonville, a été inséré La danse de la ceinture, un morceau tiré d’un opéra de Herman. Né à Copenhague en 1805, August Bournonville est bien l’authentique architecte de ces spectacles qui firent sa gloire mais aussi celle des ballets danois et des danseurs qui atteignirent un très haut niveau de réalisation artistique dont l’impact retentit sur une bonne partie de l’Europe.
Figure incontournable de la sphère Bournonville, Dinna Bjørn perpétue la tradition vivante entre autres de ce ballet parmi les plus connus chorégraphiés par Bournonville, ce ballet qu’elle a remonté le plus fréquemment, avec des dizaines de compagnies différentes. Pas et scènes de pantomimes n’ont vraiment aucun secret pour Dinna.
La nouvellement nommée directrice de la danse de l’Opéra national du Capitole, Beate Vollack pourra faire évoluer ses 35 danseurs et danseuses du corps de Ballet national de l’Opéra du Capitole, la version retenue donnant autant d’importance à la danse masculine qu’à la danse féminine, un parti pris alors fort novateur. Luciano Di Martino dirigera le spectacle avec dans la fosse les Musiciens de l’Orchestre national du Capitole. Ce chef a déjà dirigé le corps de ballet pour un Giselle lors des Chorégies d’Orange 2022.
Un spectacle total puisque nous aurons aux décors et costumes, Ramon Ivars, chargé de la vidéo et assistant à la scénographie, Santiago Traïd et aux lumières, tellement incontournables maintenant, Jean-Michel Désiré.
Mais, le « Le fameux “style Bournonville“, c’est quoi ?
Immédiatement reconnaissable à la scène, plus malaisé à décrire. Son premier caractère est sans doute la légèreté : toute trace d’effort disparaît, la virtuosité athlétique est bannie comme indécente. Les bras, souvent tenus, pendant les sauts, en position basse, arrondie, au lieu de battre l’air comme des ailes, contribuent à cette impression d’aisance et de facilité. La » propreté » est plus appréciée que l’effet : mieux valent trois pirouettes parfaitement terminées que six désaxées. Comptent aussi l’élégance, et un subtil code de positions du corps dans l’espace : « C’est très difficile à danser, dit un certain Frank Andersen, qui a stoppé une brillante carrière de danseur pour prendre la direction du Royal Ballet, parce que cela exige à tout instant une extrême coordination de la tête, du buste et des jambes. Une petite erreur d’orientation des épaules et hop, le style a disparu. » On apprécie les commentaires précités !
Est-ce à dire que nous voyons aujourd’hui les ballets de Bournonville dansés exactement comme ils l’étaient en son temps ? Nullement. » Il n’y a qu’une seule représentation authentique, c’est la première, dit Erik Aschengreen, vivante encyclopédie du ballet. Dès la seconde, les altérations commencent. Puis l’attitude envers l’héritage change selon les époques. Après quarante ans de manie » historiciste « , on éprouve aujourd’hui un peu moins de respect envers les œuvres du passé, et c’est tant mieux. « Au fil du temps, les maîtres de ballet danois ont modifié des détails, en fonction des danseurs et des goûts du public, et transformé certaines scènes (plusieurs passages d’autres ballets ne sont plus de Bournonville) : l’essentiel n’est pas la lettre, mais cet » esprit de Bournonville « , et son fameux » style « , que l’on invoque là-bas à tout instant.
Par ailleurs, on qualifie le romantisme de Bournonville de romantisme à la danoise, fort éloigné du romantisme » noir » européen : ici, l’art doit être positif, sa mission est d’élever les esprits en même temps que les corps et de nous rendre meilleurs ! August Bournonville, ce » Danois de cœur et d’âme « , se montre ici plus proche de ses compatriotes écrivains et autres artistes et notamment de son ami Hans-Christian Andersen, l’auteur des fameux Contes.
Quelques mots sur August Bournonville : cliquez ici
Synopsis : Les sylphes sont des créatures issues des mythologies gauloise, celte et germanique. Ce sont des esprits de l’air. La Sylphide raconte l’histoire d’une sylphide, qui aime profondément un jeune écossais, James, qui s’apprête à se marier avec Effie, une jeune paysanne bien réelle. Lui seul peut la voir et le jour du mariage elle dérobe l’alliance. James la poursuit dans les bois magiques et perd la notion de l’extérieur, en oubliant même sa fiancée. Une sorcière, Madge, qu’il a jadis chassée se venge et lui offre un voile soi-disant enchanté pour capturer la sylphide. Ce voile est empoisonné et tue la sylphide.
Il entre alors dans un profond chagrin et mourra en apercevant au loin sa fiancée qui se marie avec son rival Gurn et le cortège funèbre de la sylphide.
On n’oublie pas, autour de cette production, la Conférence, le Carnet de danse, le Cours public, et l’Atelier de danse. Consultez !!
Opéra national du Capitole
du vendredi 20 octobre au dimanche 29 octobre 2023
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