La claque de la rentrée
Sur un sujet, dont les liminaires sont hélas véridiques, Luc Besson nous présente l’un des films les plus forts de son gigantesque catalogue. Une vraie claque à ne pas mettre devant des yeux un peu… sensibles.
Le début de l’histoire est on ne peut plus authentique. Un homme a enfermé son gamin de 10 ans pendant sept ans dans une cage avec ses chiens ! Lorsque la police a découvert enfin cette horreur, l’enfant ne marchait plus qu’à quatre pattes, ne savait plus parler et se nourrissait à même la gamelle. Le début de DogMan, c’est, de la manière la plus brutale, ce fait divers incroyable. Le film se passe de nos jours dans une famille dont le père, trumpiste par-dessus la tête, fait l’élevage de chiens de combat, non pas pour faire la guerre mais pour satisfaire les mœurs sanguinaires d’amateurs du genre. Pour les exciter, leur propriétaire ne les nourrit que peu afin de les rendre affamés au moment des confrontations. Sauf que Douglas, son jeune fils, qui adore les chiens, les nourrit en cachette. Lorsqu’il est découvert, Douglas est expédié par le paternel en furie dans l’une des cages. Il va l’y laisser… longtemps. Fort heureusement, Douglas finit par s’évader avec ses compagnons canidés. De lieux improbables en squat d’usines désaffectées, il va se construire une véritable armée de chiens de toutes races avec lesquels il communique, un peu comme Saint François d’Assise avec les oiseaux. Par ailleurs, son rapport au divin est flagrant et le final de son aventure est carrément christique. Pour gagner sa vie, Douglas, qui a survécu in extremis à un excès de folie de son père, excès qui a rendu le jeune homme paraplégique, se produit comme travesti dans une boîte de nuit qui l’a pris en pitié. Doté d’une belle voix, il est tour à tour Piaf ou Lili Marlene. Séquence émotion… Mais voilà qu’une odieuse crapule s’en prend à la gentille psychologue qui s’est attachée à lui en prison. La vengeance de Douglas, alias DogMan, sera terrible, au-delà de ce que vous imaginez déjà.
C’est un film incontestablement déconseillé aux moins de 12 ans minimum. Ceci étant, il est totalement hallucinant. Tout à la fois philosophique, porté par une pensée chrétienne qui n’en finit pas de nous bluffer de pertinence, véritable thriller d’une puissance incroyable, le dernier opus de Luc Besson nous présente un personnage que l’on aimerait détester et qui finalement nous fascine. Vient-il chercher au fond de nous quelque chose de spécial ? A vous de juger. Dans tous les cas son interprète, Caleb Landry Jones (DogMan), est un véritable monument de duplicité aussi vénéneuse que sensible, sereine et manipulatrice. Le coup de génie de Luc Besson dans ce film virtuose et parfaitement maîtrisé, est de nous faire entrer en empathie totale avec son héros, un héros formidablement émouvant et attachant. La claque de la rentrée !
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