Le premier livre de cette jeune écrivaine est consacré à six héroïnes, et le terme est juste approprié, d’une aviation balbutiante en ce début de 20è siècle. Beaucoup d’autres auraient certainement mérité de figurer dans le présent ouvrage mais il fallait bien faire un choix. Consacrant une cinquantaine de pages à chacune d’elles, Katell Faria nous met dans les pas de passionnées de l’aviation, passionnées au point de mettre leur vie en jeu en permanence, une vie consacrée uniquement à ce qui devait ressembler à de l’ivresse métaphysique pour ces femmes vraiment hors normes.
Avec une vraie science de la narration, Katell Faria évoque ces destins incroyables de personnages qui ont dû se battre tout d’abord contre un machisme institutionnalisé inimaginable aujourd’hui. Je vous laisse découvrir, peut-être, car elles sont entrées dans l’Histoire, ces parcours qui frôlent la légende. Deux mots tout de même. D’abord sur ces quatre françaises qui illustrent si bien le propos.
Adrienne Bolland (1895-1975) est la première femme en 1921 à traverser par avion la Cordillère des Andes. Le récit que nous en fait l’auteur est hallucinant ! Hélène Boucher (1908-1934) va mettre à son palmarès de nombreux records de vitesse pour finalement se tuer lors d’un vol d’entrainement. Maryse Bastié (1898-1952) est une championne de distance et de durée de vol. Croix de guerre avec palme, Médaille de la résistance française, elle est titulaire de 17 décorations majeures internationales. Maryse Hilsz (1901-1946) débute dans l’aviation comme… parachutiste d’exhibition. En 1930 elle obtient son brevet de pilote et bat de nombreux records dont celui, féminin, d’altitude à plus de 14 000 mètres en… 1936 ! Cette résistante sera pilote affectée au GLAM (Groupe de liaisons aériennes ministérielles).
C’est d’ailleurs au cours de l’une de ces missions qu’elle trouvera la mort.
Katell Faria nous présente également deux autres aviatrices qui se devaient de figurer dans ce panthéon. Tout d’abord la Britannique Beryl Markham (1902-1986), première femme pilote à traverser l’Atlantique Nord d’Est en Ouest sans escale et en solo en 1936. Ecrivaine, entraîneuse de chevaux, vous pouvez retrouver ce paradigme de l’aventurière dans le film Out of Africa. Enfin Bassie Coleman (1892-1926). Cette Américaine noire que l’on appelle Queen Bess doit se battre d’abord contre le racisme. Elle deviendra la première femme noire à piloter un avion. C’est en France qu’elle obtient sa licence de pilote en 1921. Au cours d’un vol de reconnaissance à basse altitude, passagère à l’arrière et ne s’étant pas attachée pour mieux voir, elle est littéralement éjectée de l’avion alors que celui-ci part soudainement en vrille.
Il y a ici au moins six idées de scénarios incroyables tant ces vies sont exceptionnellement romanesques. Merci à l’auteur pour ces pages passionnantes autant que fascinantes et précieuses.
« Les Aventurières du ciel » Katell Faria – Editions Points Aventure