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« L’Amour et les forêts » de Valérie Donzelli

by Léa Vergès

Anatomie d’un possédé

Lorsqu’un homme est jaloux au point de devenir littéralement possédé par l’objet de son exclusivité, il se transforme en monstre. Aujourd’hui les femmes tombant entre les mains de pareils déments, peuvent les combattre. Elles doivent leur déclarer une véritable guerre !

Valérie Donzelli
Virginie Efira (Blanche) et Melvil Poupaud (Greg) – Crédit : Rectangle Productions

Le dernier opus de Valérie Donzelli est d’une brûlante actualité. En adaptant le roman éponyme de Eric Reinhardt, publié en 2014 et couvert de prix cette même année, la réalisatrice nous parle du harcèlement dans un couple. Elle nous présente Blanche, quadra non encore bien fixée sentimentalement jusqu’à ce jour, cette rencontre avec Greg. Ils sont de la même génération. C’est le coup de foudre. Il est suivi d’un mariage. Les enfants dans la foulée. Mais voilà qu’une mutation de Greg impose un déménagement. Adieu Caen, voici la famille dans l’Est de la France.  Greg commence alors un véritable travail de sape visant à contrôler tous les faits et gestes de Blanche. Par hasard, cette dernière comprend que la mutation de son mari n’était pas fortuite…

Pour la jeune femme c’est le début d’une véritable course à l’abîme. Mais ce que n’a pas évalué Greg, c’est la force de caractère de son épouse. Celle-ci décide un jour d’aller s’aérer en forêt. Seule ? Au hasard ?  C’est clairement le tournant d’un film qui alors devient d’une violence insoutenable. Franchissant les limites de sa paranoïa, Greg devient dangereux. Il a basculé dans la démence et l’histoire dans un vrai cauchemar les yeux grands ouverts.

Porté par deux interprètes sur leurs sommets, ce film est un bonheur… cinéphilique. Bien sûr, Virginie Efira est la Blanche que l’on pouvait imaginer, toute en regards suspendus mais terriblement signifiants. Elle incarne à la perfection ce refus de la possession qui fait encore le malheur de tant de femmes. L’actrice se transforme avec une virtuosité époustouflante de jeune mariée au comble de la félicité en épouse meurtrie se questionnant sur l’enfer dans lequel son mari veut la plonger. A ses côtés il fallait une pointure pour porter les traits de Greg. Evidente décision que celle d’avoir confié ce rôle à Melvil Poupaud, un acteur fabuleux, d’une ambiguïté hallucinante. Un duo d’acteur fascinant pour un film qui creuse très profondément et sans aucune économie les arcanes d’une relation toxique. Terrifiant et parfaitement maîtrisé.

Robert Pénavayre

Cinéma

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