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« Misanthrope » de Damian Szifron

by Léa Vergès

Le réalisateur argentin Damian Szifron nous revient après une trop longue absence avec un film au vitriol, son premier long en anglais, tirant à boulet rouge sur une Amérique individuellement surarmée et prompte aux tueries de masse. Un thriller autant époustouflant que glaçant!

Baltimore, de nos jours et plus particulièrement le soir de la Saint Sylvestre. Sur tous les rooftops de la grande ville, ce ne sont que djs, champagne et rires. C’est la scène liminaire. Au moment de minuit, lorsque les feux d’artifices embrasent le ciel, au milieu se glissent des coups de feu. Le massacre commence. Parfaitement préparé, un tueur abat avec une habileté redoutable des hommes et des femmes au hasard depuis un immeuble. La Police et le FBI se portent sur les lieux de la tuerie. Nous découvrons alors Eleonor, une jeune inspectrice traînant un passé personnel plus que lourd et son chef, Lanmark, un vieux briscard habile jongleur au milieu des contraintes politico-financières et autres propres à saborder l’enquête. 

Au cours d’une réunion sur le sujet, une remarque d’Eleonor met la puce à l’oreille de Lanmark. Alors que les recherches piétinent, il devine qu’Eleonor est peut-être, de par son passé, propre à repérer le psychopathe. Il l’adjoint directement à ses services rapprochés de même que Mackenzie, un véritable colosse. Tous les trois se lancent, plus ou moins légalement, dans la traque.

Entre polar et thriller, le dernier opus de Damian Szifron nous amène loin dans la psyché d’Eleonor et petit à petit nous fait découvrir, sans le voir, celle du tireur. Un vrai exercice de style. Brillant qui plus est. En creux, il trace un état des lieux de cette Amérique effrayante, surarmée et dont les horreurs font la Une de trop nombreuses fois.

Pas d‘immenses stars au casting, mais de vrais artistes capables de nous rendre palpables les engagements et les angoisses des différents protagonistes. Le duo Shailene Woodley (Eleonor) et Ben Mendelsohn (Lanmark) fonctionne à merveille malgré la distance apparente qui les sépare.

Virtuose en diable, savamment monté et filmé avec une énergie incroyable, ce polar digne des plus grands anciens est une véritable leçon de genre, alternant savamment l’intimité des personnages et des moments d’une incroyable pulsion dévastatrice.

L’un des grands films à l’affiche aujourd’hui.

Pour rappel : le misanthrope est la personne qui manifeste de l’aversion pour le genre humain…

Robert Pénavayre

Cinéma

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