Depuis 1968 et Les Idoles, ce natif du Sud-ouest ne cesse de nous proposer des longs métrages, 30 à ce jour (!), dont un seul connaîtra une reconnaissance sans appel, Les Roseaux sauvages, tenant de trois Césars en 1995 (Meilleur scénario, Meilleure réalisation et Meilleur film français). Beaucoup ont su capter notre intérêt, peu finalement ont franchi les portes de notre panthéon cinématographique. Son dernier opus Les Âmes sœurs nous laisse sans voix…
David est un jeune soldat engagé au Mali, dans l’Armée française. Lors de la scène liminaire, le camion qu’il conduit explose. Retour en France, dans le coma. Sa sœur Jeanne est prévenue. Elle vient lui parler régulièrement, guettant le moindre signe. Ce dernier va enfin arriver mais ce sera pour ramener à la vie un amnésique. Après bien des mois de rééducation fonctionnelle, Jeanne va accueillir son frère dans sa petite maison ariègeoise. Si la mémoire fait toujours défaut à David, par contre son attirance pour Jeanne est toujours là.
Toujours car en fait, frère et sœur cachent un lourd secret, assez vite éventé par ailleurs. Sur le thème de l’inceste librement consenti, thème intimiste par définition, André Téchiné brosse les portraits de deux jeunes gens en quête de solutions à l’impensable. Cet impensable est asséné par la Maire du petit village où habitent Jeanne et David, une femme aussi rigoureuse dans la gestion de sa commune qu’elle est pugnace quant à son développement. D’ailleurs son sujet du jour est l’achat d’un château par un groupe hôtelier. Lequel château est la propriété d’un célibataire qui s’habille en femme…
Tout cela suffit-il à faire un film ? En faire plusieurs, oui certainement ! Mais en l’occurrence, ici André Téchiné nous perd dans plusieurs réflexions aussi vaines les unes que les autres car non abouties. Il met même en péril ses deux jeunes acteurs, deux gloire naissantes du cinéma hexagonal : Noémie Merlant (Jeanne), formidable tout simplement dirigée par Louis Garrel dans L’Innocent, et Benjamin Voisin (David), l’inoubliable ange noir dirigé par François Ozon dans Eté 85.
Allez, avouons, le cœur gros, un Téchiné en roue libre.