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Dominique Fouchier – Maire de Tournefeuille

by Léa Vergès

Depuis 2015, Dominique Fouchier est le premier édile de la commune de Tournefeuille, une commune, riche de 27 000 habitants, qu’il habite avec sa famille depuis 1997. Son Master en Ingénierie de Politique territoriale n’est certainement pas totalement étranger dans le choix de la carrière actuelle de cet Angoumois de naissance. Il laisse sensiblement de côté son métier d’Ingénieur en Agriculture et Environnement en 2008, il a alors 46 ans, pour se consacrer à son mandat nouveau de Conseiller municipal tournefeuillais. Dominique Fouchier siège également au Conseil départemental dont il est l’un des Vice-présidents.

Rencontre

Dominique Fouchier lors de la soirée solidarité Ukraine à l’Escale © Guillaume Fraysse

Culture 31 : Quelle est votre définition du mot Culture ?

Dominique Fouchier : Si la question est simple, la réponse ne l’est pas. Pour moi, la Culture est un ensemble d’objets comme le cinéma, le théâtre, la cuisine, l’architecture, l’aménagement, etc. C’est d’ailleurs son champ des possibles que nous retrouvons dans sa définition établie par l’ONU et l’Unesco. L’important c’est qu’à travers ces objets, les Humains expriment leur humanité. Nous tenons là l’essentiel pour les politiques publiques : le lien entre les Hommes, un lien qui nous relie à notre passé, notre présent et notre devenir.

Sous quelle forme la Culture fait-elle partie de votre vie personnelle aujourd’hui ?

Je suis un consommateur très éclectique. D’une exposition Munch je passe au Street art et à Niki de Saint Phalle, de l’Opéra national du Capitole à Starmania. Dans ce milieu rural qui m’a vu naître, la Culture a une place plus importante qu’on ne l’imagine. L’enseignement agricole que j’ai suivi prévoyait un créneau pour la Culture. J’étais alors à Angoulême.  Je me souviens des visites au Festival de la BD. Il y avait aussi des ateliers vidéo, photo, etc.  Je suis d’ailleurs persuadé que Culture et Education sont étroitement associées. Quand on est, comme moi, un responsable politique, on intègre inévitablement son approche personnelle de la Culture dans sa politique globale.

Bloom Festival © Guillaume Fraysse

Quel rôle profond lui donnez-vous ?

Quand on accepte des responsabilités politiques sur un territoire, il est impératif de prendre aussi conscience que l’on s’inscrit humblement dans l’histoire de ce territoire. Il s’est passé des choses avant. Il est très important de le comprendre, sinon notre action ne s’ancrera pas dans la vie de ce territoire. Tournefeuille est une commune qui a une identité culturelle incontestable. Les équipements dans ce domaine ont structuré le centre du village. En tant qu’acteur politique, il m’appartient de développer cette identité dans un éclectisme le plus universel possible, celui qui permet au maximum de personnes de se rencontrer.

Quels sont les moyens financiers et logistiques dont vous disposez ?

Nous avons un théâtre, une salle de concert pour les musiques dites actuelles, une école d’enseignements artistiques, une médiathèque. Ces établissements fonctionnent en régie et emploient 45 agents. Le budget de fonctionnement qui leur est alloué est de 4 millions d’euros par an, y compris les coûts artistiques.

Concert sur la Place de l’Hôtel de Ville © Guillaume Fraysse

Quels domaines prioritaires d’interventions structurent vos actions : variété, classique, théâtre, peinture, cinéma, patrimoine… ?

L’Escale, qui a une jauge de 400 places, attire à Tournefeuille 40 000 spectateurs chaque année lors de 150 représentations.  11% de ces représentations sont dédiées aux scolaires. Ce théâtre, qui a dix ans aujourd’hui, est le lieu de résidence du Grenier de Toulouse depuis son ouverture. Il reçoit aussi pour 25 concerts par an l’Orchestre de chambre de Toulouse et des spectacles de danse contemporaine de compagnies renommées. Dernièrement c’était le tour d’Angelin Preljocaj. Un grand moment ! Dans notre Ecole d’enseignements artistiques, le pôle musique et danse est très important. Cette structure accueille plus de 1000 élèves formés par 45 professeurs. C’est la seconde du département. Ensuite il y a la Médiathèque, c’est l’endroit où l’on vient en famille. Plus de 4 000 adhérents s’y croisent. 200 000 prêts de livres y sont accordés tous les ans. Le Phare est plutôt consacré aux musiques actuelles. C’est une salle qui a près de 15 ans aujourd’hui. Elle peut recevoir 3500 personnes debout ou 1000 assises. Il ne faut pas oublier, même s’il est privé, le cinéma Utopia dont la fréquentation avoisine annuellement 250 000 personnes. Ce qui est structurant en terme culturel. Comme partout, chaque spectacle ou type de manifestation a son public. Un public qui d’ailleurs n’est pas exclusif à notre commune car nos spectacles attirent de bien plus loin.  Je pense en particulier à ceux proposés par l’association Marionnettissimo en résidence également chez nous. On voudrait bien mélanger tous ces publics mais la chose n’est pas faisable, nous le savons bien. Et ce n’est pas une question de tarifs.  Enfin parlons d’un équipement métropolitain installé sur notre commune : L’Usine, qui est spécialisé dans les arts de la rue.

Marionnettissimo © Guillaume Fraysse

Vos principales actions récurrentes ?

La plus ancrée dans notre paysage culturel est le festival Marionnettissimo, consacré donc à la marionnette. Egalement le Bloom Festival, dédié à la chorégraphie contemporaine, qui attire de nombreux ballettomanes du département, ainsi que le festival en plein air : Les Excentriques.

Bloom Festival © Guillaume Fraysse

Certains pensent qu’en cette période difficile économiquement, et contrairement au Sport, la Culture serait un luxe superfétatoire…

Nous partageons malheureusement ce contexte. Clairement aujourd’hui nous reportons sine die des investissements dans le domaine de la Culture. Cela dit, pour l’heure nous ne bougeons pas la programmation, nous ajustons les tarifs. Bien sûr nous faisons des efforts sur la lumière, le chauffage, comme tout le monde. Pour l’instant nous tenons. Mais jusqu’à quand, je suis en difficulté pour vous répondre. Quoi qu’il en soit, la Culture reste une priorité pour Tournefeuille, tant en terme de rayonnement local qu’au-delà de nos frontières communales. Notre force ce sont nos équipements. Ils sont faits, nous venons de les énumérer. Heureusement car aujourd’hui nous n’aurions pas les moyens de les construire. Il faut néanmoins les entretenir. Cela dit, je m’attache à ne pas confondre sobriété qui est nécessaire et austérité qui exclurait.

Quel est le devenir de votre politique culturelle ?

Outre maintenir ce qui est dans notre ADN, j’ai été assez clair là-dessus, nous allons nous inscrire à nouveau dans des programmes européens sur la thématique de l’art dans l’espace public.

Propos recueillis par Robert Pénavayre

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