Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, un classique ou un livre injustement méconnu.
Du réalisateur de Reservoir Dogs et One Upon a Time… in Hollywood, on connaissait l’immense cinéphilie tant par ses films, imprégnés de mille influences, que par ses interviews. Sans surprise, son livre, Cinéma spéculations, confirme sa connaissance encyclopédique et amoureuse des films et de ceux qui les font. Films célèbres ou méconnus, séries B ou Z, classiques, œuvres culte, films de genre sont ici évoqués par Tarantino avec un enthousiasme communicatif. Le réalisateur n’est d’ailleurs jamais meilleur que lorsqu’il rend hommage à des artisans ou des hommes de l’ombre, à l’instar du remarquable John Flynn auquel ont doit notamment Echec à l’organisation et Légitime violence (plus connu sous son titre original Rolling Thunder) qui bénéficient de longs développements.
Sous la plume de l’auteur qui avait dix ans en 1973, Le Nouvel Hollywood défile évidemment en compagnie de Martin Scorsese, Paul Schrader, Brian De Palma ou Peter Bogdanovich. Quentin Tarantino paie ses dettes à Sam Peckinpah en saluant La Horde sauvage et Guet-apens. Il n’oublie pas que Don Siegel ne fut pas seulement le réalisateur de L’Inspecteur Harry, film magistralement disséqué. Le chapitre consacré à Délivrance de John Boorman vaut aussi le détour.
Chant d’amour au cinéma
Les formules fusent, ainsi à propos de Steve McQueen dans Bullit : « Le rôle n’est rien et pourtant il en fait quelque chose de grandiose. Il ne fait pratiquement rien, mais personne dans l’histoire du cinéma n’a fait rien à la manière de Steve McQueen. » Cinéma spéculations est parfois foutraque, bourré de digressions et d’anecdotes (comme les propres films de Tarantino), mais une énergie, une passion traversent les pages.
Au fil de ce chant d’amour au septième art, le réalisateur se confie sur son enfance, sa jeunesse, ses rencontres. L’autobiographie s’invite entre humour et émotion. On découvre la naissance d’une vocation, les influences secrètes, les obsessions d’un artiste qui ne semble vivre que pour ces images avançant comme des trains dans la nuit.
Quentin Tarantino, Cinéma spéculations, Flammarion