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« Les Contes de la lune vague après la pluie » de Kenji Mizoguchi

by Bruno del Puerto

Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.

Les Contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi

Adulé par la Nouvelle Vague, porté aux nues par Scorsese ou Welles (pour ne citer qu’eux), Kenji Mizoguchi est de ces grands maîtres dont l’art ne peut laisser insensible. Son film le plus célèbre, Les Contes de la lune vague après la pluie (Lion d’Argent au festival de Venise en 1953), met en scène dans le Japon féodal de la fin du XVIème siècle, déchiré par les guerres civiles, deux paysans désireux de s’extraire de leur condition.

L’un, Genjuro, potier, rêve de faire fructifier son artisanat. L’autre, Tobei, veut devenir samouraï. Les comparses partent pour la ville laissant derrière eux leurs épouses, Miyagi et Ohama, mais les deux hommes vont succomber, chacun à leur façon, à des sortilèges ou des tentations tandis que leurs femmes connaîtront le pire…

Réalisme et surnaturel

Plus que par le jeu caricatural des comédiens ou son scénario édifiant qui démontre combien l’ambition, la vanité, l’envie et la cupidité masculines ont de fâcheuses conséquences, Les Contes de la lune vague après la pluie vaut par sa mise en scène. De la composition des plans à la profondeur de champ instaurant une distance entre le spectateur et les personnages en passant par les jeux d’ombres et de lumières ou la subtilité et la fluidité des mouvements de caméra (dont les travelling latéraux), Mizoguchi impose sa signature.

Le fantastique et l’onirisme s’invitent. Des fantômes et des esprits ensorcèlent de pauvres humains. La violence et la crudité de certaines séquences contrastent avec la beauté de la nature. Réalisme et surnaturel se disputent l’écran. La nature se transforme en personnage. Tout cela était-il vraiment si novateur trente ans après Murnau ? Dans le cinéma japonais, on peut préférer la modernité intacte des œuvres de Kurosawa.

Christian Authier

Cinéma

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