La première image est sans ambiguïté, c’est celle d’une croix récemment fleurie au bord d’une route. La suite va nous confirmer le drame survenu et nous mettre en présence d’une famille dévastée par un accident qui a coûté la vie du père. Demeure Isabelle, une veuve éplorée bien sûr (Juliette Binoche bouleversante) et ses deux fils. Quentin, l’aîné, travaille à Paris et c’est un peu éloigné de sa famille (Vincent Lacoste dans un contre-emploi qui lui sied à merveille). Il décide de prendre chez lui, pour une semaine, son cadet, Lucas, lycéen assumant parfaitement son homosexualité (Paul Kircher, une somptueuse découverte).
La rupture d’avec le milieu fatalement réduit de sa petite cité montagnarde va ouvrir tous les champs des possibles au jeune garçon. Se heurtant au douloureux travail de deuil que lui impose sa vie, il va tenter de l’accomplir en se jetant dans toutes les rencontres possibles. Même tarifées… Lilio, le colocataire de Quentin, gay également, (Erwan Kepoa Falé d’une incroyable justesse de ton) va être pour le jeune homme comme une bouée de sauvetage. La colère va peu à peu le quitter et laisser place à une liberté synonyme d’accomplissement. Un homme est né.
Tout à la fois violent et tendre, sombre et lumineux, vulnérable et puissant, le dernier opus de Christophe Honoré n’occulte en rien des éléments autobiographiques de sa jeunesse et nous laisse, grâce aussi à des acteurs magnifiques, dans la lumière de belles espérances.
Avertissement aux moins de 15/16 ans tout de même…