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« Ferveur Violette » de Michel Fraysse

by Ines Desnot

Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, un classique ou un livre injustement méconnu.

ferveur violette
Michel Fraysse

Né à Toulouse au début des années 1970 et ayant grandi dans le quartier de la Patte d’Oie, Rémi, le narrateur de Ferveur Violette, le roman que vient de publier Michel Fraysse, a du sang violet dans les veines. Le diagnostic a été établi par la médecine scolaire à l’aune de ses neuf ans. Ce violet, il s’agit de celui du TFC, le Toulouse Football Club que le gamin chérit et supporte. De fait, il fréquenta assidument le Stadium (et ses maudits piliers gâchant la vue de bien des spectateurs) de 1978 à 1993 notamment avec son oncle Fernand.

Le premier mérite de ce roman que l’on devine largement autobiographique est de reconstituer une époque, celle du monde d’avant le foot business et ses gigantesques enjeux économiques ou géopolitiques (Cf. par exemple Qatar versus Emirats arabes unis). En ce temps, les noms des joueurs faisaient rêver (en particulier ceux des rares joueurs étrangers qui frappaient par leur exotisme et faisaient apprendre la géographie). Les images (télévisées) étaient rares. On se rabattait sur les albums Panini et les retransmissions radiophoniques. L’imagination primait sur la représentation. C’était aussi le temps des séjours linguistiques en Angleterre, des jeunes filles que l’on guettait dans les bus au gré de savants calculs horaires, de la Fnac Saint-Georges encombrée de lecteurs assis entre les rayons.

Esprit d’enfance

Rémi, supporter donc du TFC, récitait les noms de Rensenbrink, Van Binst, Laverny, Pintenat, Vinuesa… Le garçon est de ceux pour lesquels l’échec des Toulousains aux barrages de 1981 contre le Tours de Delio Onnis reste une blessure ouverte. L’accession en première division attendra une saison de plus. Des joueurs prestigieux, comme Christian Lopez ou Gérard Soler, viendront alors renforcer les rangs des Violets arborant le logo Malardeau. Suivront Jean-François Domergue, Lucien Favre, Yannick Stopyra, Alberto Tarantini puis les années Beto Marcico qui inspirent sans surprise à l’auteur des pages de ferveur et de reconnaissance. A côté des exploits du Stade Toulousain, les performances du TFC – dont au premier rang la mythique élimination de Naples en Coupe UEFA – ne passaient pas inaperçues.

Ferveur Violette est le récit d’un amour qui doit évidemment plus au cœur qu’à la raison, la chronique d’un culte avec ses rites et ses mots de passe. D’ailleurs, doit-on dire « Téfécé », « T.F.C. », « Tef » ? Chacun choisira. On songe au Carton jaune de Nick Hornby ou au Football, ombre et lumière d’Eduardo Galeano à la lecture de ce texte nostalgique aux accents fétichistes. S’il est évidemment destiné aux amoureux du football en général et à ceux du Toulouse Football Club en particulier, Ferveur Violette ne s’adresse pas qu’aux passionnés de ballon rond, mais à tous ceux attachés à jamais à l’esprit d’enfance et à son royaume.

Christian Authier

Littérature

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