Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, une réédition, un classique ou un livre injustement méconnu.
On ne se lasse pas d’Éric Neuhoff. Quelques mois après son roman Rentrée littéraire et son Petit éloge amoureux des cinémas, revoici l’écrivain avec Cocktail de saison, recueil de chroniques, d’articles et de billets d’humeur dispersés dans la presse ces dernières années. Les familiers de l’écrivain et journaliste ne seront pas dépaysés. Il est question ici de cinéma, de littérature, du temps qui passe. Si vous n’aimez pas cela, « allez-vous faire foutre » comme dit Michel Poiccard dans A bout de souffle. Né en 1956, Neuhoff se souvient du cinéma d’avant les multiplexes et les blockbusters.
Il signe des déclarations d’amour ou des exercices d’admiration dédiés à Romy Schneider, Billy Wilder, Pascal Thomas. Il regrette la disparition des seconds rôles et des dialoguistes. Bien sûr, Le Fanfaron de Dino Risi n’est pas oublié, ni son cher François Truffaut. Les évocations de Fitzgerald, Blondin ou Sagan dessinent un autoportrait que viennent compléter les adieux à Denis Tillinac et à Jean d’Ormesson.
Nos souvenirs
Cocktail de saison nous offre des détours par New York ou Venise. Le festival ordonne de se rendre à Cannes. Un retour à Toulouse confirme qu’ici aussi « les rues piétonnes sont une calamité ». « Les villes sont désormais les cimetières de nos souvenirs », constate l’écrivain qui, en dépit des injonctions des temps modernes, a « continué à raisonner dans les livres, à respirer dans un monde de papier ».
Sous sa plume moqueuse, tendre, nostalgique, désolée, les années défilent. Le passé est un puits sans fond dans lequel Neuhoff pioche des pépites, exhume des trésors oubliés. Tout ce bonheur que l’on ne savait pas. La mélancolie pointe le bout de son museau. Elle est chassée par le sens de la formule et des bons mots. Nous sommes d’accord avec Michel Déon quand il disait « J’ai tellement soif que je boirais même de l’eau ». Ce cocktail est de toutes les saisons. Garçon, la même chose !