Somos Cuba
En 1940 Fernando Ortiz publiait un essai poétique Controverse entre le sucre et le tabac. L’écrivain, ethnologue et anthropologue cubain, considéré comme le troisième découvreur de l’Amérique en hommage à l’ampleur et à la profondeur de ses études, y analyse l’identité de son pays. Forgée par la culture de ces deux plantes. Car pour lui, on ne peut comprendre l’histoire de Cuba sans étudier ni se référer à ces deux « personnages » les plus importants de l’identité cubaine que sont le sucre et le tabac.
Car chacun amène une culture différente. La partie africaine donc des esclaves pour le sucre ainsi que la partie occidentale donc des immigrés pour le tabac. Deux entités différentes dont aucune ne dominera l’autre, mais qui vont créer l’identité du pays au travers d’un phénomène qu’il appelle la transculturation. Mais au lieu qu’une culture ne prenne le pas sur l’autre, elles s’entremêlent. Elles se mélangent pour donner naissance à une troisième variante, la Cubanité.
Un film sur l’identité cubaine
Somos Cuba est pourtant plus un film sur l’imaginaire et l’identité cubaine qu’un documentaire sur le sucre et le tabac. Au travers de l’exploitation de ces deux cultures c’est un voyage dans l’histoire du pays que nous donne à voir Renaud Schaack. Un prétexte pour à nouveau nous raconter l’histoire de Cuba, de son identité nationale au travers des affres de l’histoire, de ses mutations révolutionnaires, sociétales et économiques mais aussi et surtout par les portraits de ceux qui ont participé à l’histoire. Des rouleuses de cigares exclusivement dédiés à la consommation de Fidel, aux coupeurs de canne à sucre, tous témoignent dans un élan commun mêlé de fierté et de nostalgie de ce que sont devenues ces deux industries. L’une qui prospère toujours et qui est devenue le fleuron de l’industrie du luxe via la marque Cohiba, l’autre qui a depuis chuté vertigineusement.
Après Cuba, une utopie blessée, Haydée et Célia quand la révolution s’est faite femme et Cuba, rouges années tous présentés chez nous par leur réalisateur, Renaud Schaack explore une identité métisse toujours en devenir, au cœur de la complexité d’une société alternative riche et complexe aujourd’hui confrontée elle aussi à ce qu’aucuns ne semblent cependant pouvoir échapper : la mondialisation.
Séance le 21 novembre à l’Utopia de Borderouge.
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