Le samedi 26 et dimanche 27 novembre se tiendra cet événement aux Espaces Vanel de la Médiathèque José Cabanis, de 9h à 19h (entrée gratuite). Organisé par l’Institut Toulousain d’Etudes Maçonniques (ITEM), ouvert au public, il proposera conférences, rencontres, débats autour d’auteurs et de personnalités. Entretien avec Gérard Soulier, secrétaire général de l’ITEM.
Quel est l’objet de ce septième Salon Maçonnique ? A qui est-il destiné ?
Nous souhaitons que ce salon soit identifié comme une manifestation à caractère culturel. Il s’agit de faire découvrir l’Ordre maçonnique en général et les obédiences qui la composent, qui organisent le salon et qui sont les plus représentatives en France. Ce salon est ouvert à tous les publics et l’entrée est gratuite. Les salons antérieurs ont d’ailleurs accueilli environ 30 % de « profanes », c’est-à-dire de non -maçons, et 70 % de maçons.
Qu’est-ce que l’Institut Toulousain d’Etudes Maçonniques, dont vous êtes le secrétaire général, à l’origine de ce salon ?
L’Institut Toulousain d’Etudes Maçonniques est une association loi 1901 qui existe depuis 1999. Dans ses statuts, cette association vise à la fois la valorisation et la préservation du patrimoine maçonnique. Nos activités sont essentiellement internes : publications, collectes de documents anciens, conférences, expositions d’œuvres d’art… Mais nous avons aussi une activité publique tous les deux ans avec le Salon Maçonnique de Toulouse qui est d’abord un salon du livre.
Pour certains, la franc-maçonnerie est auréolée de mystère, notamment par ses symboles et ses rituels. On lui prête des réseaux d’influence, un pouvoir plus ou moins occulte. Ces idées reçues sont-elles toujours vivaces ?
Il ne faut pas se fier au quand-dira-t-on. Les « marronniers » des news magazines sortent assez régulièrement des Unes sur « les réseaux des francs-maçons » et autres encore. Laissons cela de côté. Je crois que tout ceci n’est pas sérieux. On dit que nous sommes secrets, nous sommes juste discrets. Ce n’est pas la même chose, comme le montre ce type de manifestation ouverte à tous les publics que nous organisons. Quant aux réseaux d’influences, il s’agit d’une légende qui date de la Troisième République notamment avec les relations étroites entretenues avec le Parti radical. Ce n’est plus le cas depuis très longtemps. A l’inverse, on peut regretter notre peu d’influence sur le débat public.
Au-delà de thèmes plus classiques comme la République et l’universalisme, des sujets d’ordre plus culturels comme le roman policier, le jazz ou le rugby seront abordés lors des rencontres et débats.
C’est un programme diversifié à la fois sur le plan intellectuel avec des intervenants de grande notoriété, tel Johan Chapoutot, qui interviennent sur des sujets d’actualité comme la question de l’universalisme extrêmement débattue. Il est vrai que, de prime abord, l’on peut être surpris de voir le jazz et le rugby au programme. Le rugby, au-delà d’un clin d’œil à Toulouse et au Sud-Ouest, porte en lui certaines valeurs comme la fraternité. Ce n’est pas celle du triptyque républicain, mais elle est néanmoins bien réelle. Par ailleurs, l’un des événements du salon sera la venue du romancier Jacques Ravenne, créateur du commissaire franc-maçon Antoine Marcas, qui interviendra le samedi 26, à 17h45, sur le thème « Comment la franc-maçonnerie a conquis le roman policier… ou l’inverse ? ». Quant au jazz, lorsque l’on s’intéresse à son histoire, on découvre qu’il n’était pas dénué d’une certaine spiritualité, y compris religieuse. Nous avons voulu agrémenter notre programme de notions intellectuelles, mais aussi de notions plus légères, cependant non dénuées de sens au regard de l’esprit de notre manifestation.
Le thème de la laïcité, à laquelle la franc-maçonnerie est fortement attachée, n’est au programme de ce salon. N’est-elle pas pourtant une « idée neuve » à l’heure de la montée de certaines revendications religieuses au sein de l’espace public ?
Nous avons fait l’expérience que les conférences sur la laïcité attirent peu de monde. C’est à la fois un sujet très partagé et très éloigné des attentes du public. En revanche, nous allons aborder le sujet de la liberté d’expression à travers l’exposition de François Boucq qui a notamment fait les dessins d’audience lors du procès de l’attentat contre Charlie Hebdo. De fait, la laïcité sera présente en filigrane. Elle sera aussi évoquée à travers le thème de l’universalisme débattu par Francis Wolff et Alain Policar qui ont des visions différentes de la question.
La franc-maçonnerie se fait-elle selon vous suffisamment entendre dans le débat public et sur les grands enjeux de société ?
Il est difficile aujourd’hui de se faire entendre quand on aborde des sujets qui nécessitent une réflexion approfondie. La discussion « café du commerce » prédomine dans certains médias, mais nous essayons toutefois de faire entendre nos convictions sur la question de la laïcité, des violences faites aux femmes, de l’environnement. Nous publions des documents sur ces sujets qui ne sont malheureusement pas toujours repris par la grande presse.
7ème Salon Maçonnique de Toulouse