Dévoilé en avant-première mardi 1er novembre au cinéma Pathé Wilson, « Plus que jamais » est le dernier film d’Emily Atef. Dans cet avant-dernier film tourné avant sa mort, Gaspard Ulliel fait preuve d’une justesse remarquable, accompagné à l’écran de Vicky Krieps, touchante sans trop en faire. La salle, complète jusqu’au dernier siège, a salué cette ode à la vie émouvante et poétique.
Mathieu (Gaspard Ulliel) et Hélène (Vicky Krieps) s’aiment. Un lien indéfectible les unit. Seulement, Hélène est malade. C’est inguérissable. Ses capacités respiratoires sont de plus en plus affectées. Les médecins proposent alors une greffe de poumons. Mais il faut attendre le bon donneur. Mathieu se réjouit de cette lueur d’espoir, il rêve de finir sa vie avec sa bien aimée. De son côté, Hélène rêve d’espace, de grand air. Envers et contre tout, elle entame un voyage en Norvège pour se retrouver.
Vivre, plus que jamais
Là-bas, elle ressent son corps à nouveau. La lumière, le vent, l’eau… Elle se sent vivre, plus que jamais. C’est un voyage intérieur avant tout. Elle ressent son corps. Un corps qui ne veut pas respirer avec les poumons d’un autre. Un corps qui ne veut pas prendre le risque d’un rejet de la greffe. Un corps qui ne veut pas mourir à l’hôpital, mais ici, en Norvège. Au pied des fjords, au bord de l’eau. Rejointe un temps sur place par Mathieu, elle lui fait part de ce désir.
Pourtant, il est dur pour Hélène de savoir ce qu’ils ont été, ce qu’ils sont, et ce qu’ils ne pourront pas être. Ce futur dont elle a rêvé et qu’ils n’auront pas. Elle a même hésité à aller contre sa propre volonté, par amour pour Mathieu. Car pour lui, il est dur de la laisser « abandonner », de la laisser partir, d’accepter son choix de mourir loin de ses proches. Loin de lui. Il lui fera pourtant le plus beau des cadeaux, la plus belle preuve d’amour qui soit. Un geste final qui ne peut que toucher le spectateur.
Une mise en scène au service du détail
« J’ai voulu faire ce film pour qu’on en sorte avec de la lumière », a en effet expliqué Emily Atef à l’occasion de l’avant-première. La lumière, qui, d’ailleurs, est omniprésente en Norvège, comme s’en plaint Hélène après sa première nuit difficile sur place. Le contraste avec sa vie en France n’en est cependant que plus flagrant. Celle-ci s’enfermait dans le noir chez elle, à Bordeaux. Les jeux de lumière sont donc particulièrement présents dans le film, et métaphoriques.
Côté son, le focus est fait sur les respirations. Qu’elles soient lentes, rapides, difficiles, fluides. Le tout souvent appuyé par des plans très rapprochés, notamment sur les visages des personnages. Un souci du détail qui peut prendre du temps. Également en ce qui concerne les décors. Car en réalité, l’équipe a pu tourner seulement quelques jours en Norvège. Les intérieurs censés se situer dans le pays scandinave ont donc été créés au Luxembourg. Un détail qui fait mouche lorsque l’on voit le réalisme des transitions entre le dehors et le dedans.
Un scénario inspiré d’histoires personnelles
Il était important pour la réalisatrice de faire le film le plus parfait possible, car l’histoire lui tenait à cœur. Elle a notamment confié elle-même deux histoires personnelles l’ayant menée à écrire le scénario de « Plus que jamais ». En effet, sa mère a eu une sclérose en plaques, dont elle s’est relevée, avant de décéder plus tard d’un cancer. Une expérience avec la mort évidemment difficile pour Emily Atef.
Elle se rappelle également, à une autre échelle, de son chien, enfant, qui était parti pour mourir. Elle n’avait alors pas compris son acte et lui en avait voulu pour cet abandon. Mais nul ne peut retenir ceux qui doivent partir. « Nous, les vivants, sommes violents avec tout notre amour », a-t-elle conclu.