Le devoir de transmission
Le 7ème art est avant tout affaire de plaisirs de toutes sortes. Mais il n’est pas que cela, ce serait même sacrément réducteur. Olivier Dahan nous le démontre de manière magistrale avec le dernier opus de sa trilogie des femmes célèbres. Il le consacre, après Edith Piaf et Grace de Monaco, à Simone Veil (1927-2017).
Pour cela il nous la fait croiser dans une série de flash-backs alors qu’elle a 14 ans. Jusqu’à sa trente cinquième année, c’est Rebecca Marder qui endosse ce personnage meurtri par l’Histoire et plus particulièrement la Shoah. C’est ensuite au tour d’Elsa Zylberstein d’être cette femme politique qui marquera la Vème république du sceau de son engagement pro-européen et en faveur de l’IVG. La liste de ses décorations, distinctions, récompenses et autres est non seulement vertigineuse mais mondiale. Réaliser son biopic était une gageure. Olivier Dahan choisit d’en faire la porte-parole d’une époque plutôt que d’en filmer un biopic genre Wikipédia. Ayant grandi parmi des militants luttant contre l’antisémitisme et antiracistes, Olivier Dahan compte plusieurs membres de sa famille disparus dans les camps de la mort. Avant de tourner son film il a quand même fait lire le scénario final à Jean Veil, l’un des enfants de Simone Veil. De toute manière, nous confie-t-il, il n’y avait pas beaucoup de danger car Simone Veil ne compte aucun bémol à sa vie politique, contrairement à l’heure actuelle. Plus qu’un film sur le devoir de mémoire, ce film parle de la transmission de l’Histoire. Sans compromis, il contient des scènes d’une violence voulue afin d’interpeller toutes les générations. Afin que nul n’oublie.