Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, une réédition, un classique ou un livre injustement méconnu.
Auteur de biographies de référence (Gaston Gallimard, Jean Jardin, Georges Simenon, Hergé…), d’essais, de récits (le très beau Le Fleuve Combelle), de livres d’entretiens, d’une douzaine de romans (parmi lesquels le récent Le Paquebot ou Retour à Séfarad, chef-d’œuvre de drôlerie et de culture) ; Pierre Assouline, qui a été longtemps journaliste et critique littéraire, actuel membre du jury Goncourt, anime également depuis 2005 le blog « La République des lettres » où il consacre de longs billets à l’histoire et à l’actualité littéraires. Par la diversité de ses inspirations et de ses postes d’observation, il était l’auteur idéal pour publier en 2016 un Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature réédité aujourd’hui en poche.
On y trouve évidemment des thèmes transversaux, des personnages de romans, des œuvres et des auteurs, des poètes et des dramaturges traités avec une érudition qui ne se hausse jamais du col. On aime surtout dans ce Dictionnaire la curiosité, l’éventail des goûts et des enthousiasmes d’Assouline dont l’éloge de Mickey Spillane précède (ordre alphabétique oblige) celui de George Steiner. Ce lecteur sans œillères, mais avec un œil laser, rend justice aux petits maîtres, aux oubliés, aux maudits tels A.D.G., Pierre Autin-Grenier, Albert Cossery, Tony Duvert ou Pierre Mac Orlan.
De Julien Gracq à Jacques Perret
On savoure ses pénétrantes lectures de Julien Gracq, d’Alexandre Zinoviev, de Patrick Modiano, de Pascal Quignard, de Javier Cercas, de La Route de Cormac McCarthy… « Qui le lit encore ? » revient sous sa plume à propos d’écrivains aujourd’hui négligés ou ignorés. Alors, Assouline paie ses dettes, accomplit son œuvre de passeur sans négliger l’esprit critique. A propos de la droite littéraire (pour faire court la ligne Morand-Chardonne-Hussards), il a cette remarque terriblement juste : « on se prend à regretter que Bernanos n’ait pas exercé davantage d’influence sur eux. Mort trop tôt probablement. Trop puissant et trop profond pour eux. Ils y auraient perdu en légèreté ce qu’ils y auraient gagné en épaisseur. »
Cela ne l’empêche pas de saluer longuement et tendrement Antoine Blondin (avec lequel il réalisa un livre d’entretiens) ou le trop méconnu Jacques Perret dont Pierre Assouline évoque notamment l’un des plus beaux textes, la nouvelle « La mort de mon grand frère », que l’on ne peut lire ou relire sans avoir le cœur serré, tout en étant ébloui par le styliste qui « écrit si bien le français qu’on se demande parfois dans quelle langue il écrit. » Bref, un Dictionnaire à lire et à faire lire.
Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature, Plon, collection L’Abeille, 912 p, 15 €.
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