William Christie, ce claveciniste et chef d’orchestre né aux USA en 1944 et naturalisé Français en 1995, est incontestablement l’une des figures majeures de la renaissance baroque de notre temps. Artiste exceptionnel et complexe à la fois, le fondateur en 1979 des Arts Florissants, ensemble musical faisant autorité dans le répertoire baroque, se confie aujourd’hui auprès de son jeune premier violon Emmanuel Resche-Caserta dans un livre d’entretiens menés lors de différents voyages de New York à Venise, de Londres à Saragosse en passant par Paris et bien sûr son havre de paix : Thiré, petite commune vendéenne de 600 habitants.
Cette discussion à bâtons rompus nous fait pénétrer l’intimité artistique de cet immense musicien.
Les habiles questions qui lui sont posées couvrent le champ intégral de son art, de l’opéra à la musique instrumentale. Mais ce livre va plus loin car Emmanuel l’amène à se justifier dans tous les domaines, ce que fait Bill (c’est son surnom) avec plaisir, n’hésitant pas au besoin à donner quelques coups de griffe dont je vous laisse le soin et la saveur de la surprise… Pourquoi cet Américain bon teint s’est-il quasiment exilé en France ? Pourquoi cette passion pour le répertoire baroque français ? Quelles furent ses rencontres fondatrices ? Il développe ensuite son amour pour les œuvres de Lully, Rameau et Charpentier en parlant de l’éloquence de la langue française, une éloquence qu’il convient de retrouver derrière les notes de musique. Dans cette recherche dont il fut le pionnier, c’est tout un autre mystère de ces géniaux composteurs qui se révèle. Lui qui n’écoute jamais ses enregistrements a par contre une oreille particulièrement analytique, c’est un euphémisme, pour tous les autres interprètes de son répertoire de prédilection…
Une passionnante discussion qui en dit long sur l’étendue et la profondeur du talent de ce musicien d’exception.