Zoé Valdès publie Paul aux Editions Arthaud. Un portrait vif et sans concession de Paul Gauguin.
On connaît la plume vive et acérée de Zoé Valdès. Cette fois-ci, c’est pour parler de Paul Gauguin que l’écrivaine prend la plume. Elle écrira « son Paul ». Celui qu’elle admire depuis longtemps, celui qui l’intrigue et la fascine. Ce peintre prêt à tout abandonner, famille et sécurité, pour vivre de sa passion : la peinture. Alors Zoé Valdès nous raconte une vie à la croisée entre choix et renoncements, amours et désillusions.
Les couleurs de la vie
Paul Gauguin a consacré sa vie à la peinture, aux couleurs, aux formes et aux lignes qui définissent son paysage mental. Lorsque le roman s’ouvre, c’est un peintre affaibli et malade qui est décrit. Paul Gauguin souffre d’atroces douleurs aux jambes. Peindre devient un supplice. Il doit rester alité et attendre. Quoi ? La mort. Peut-être. Dans un délire post-mortem, Paul Gauguin revoit sa vie défiler. D’abord sa mère et leur premier exil au Pérou, après le coup d’Etat de Napoléon III. Le père ne survivra pas au voyage. Paul découvre quant à lui un exotisme qui ne le quittera plus jamais.
Revenu à Paris, Paul Gauguin se marie avec Mette-Sophie et ils auront cinq enfants. Paul travaille dans une banque ce qui lui assure une vie confortable mais en désaccord avec ses aspirations profondes. Il veut peindre. Contre l’avis de sa femme, Paul abandonne tout et choisit la peinture. La vie devient dès lors vertigineuse et complexe. Il divorce et les problèmes financiers sont de plus en plus fréquents. Paul décide de partir. Il ira en Martinique puis en Bretagne, enfin il rejoindra la Polynésie. Les peintures de Gauguin se nourrissent de ces voyages, des paysages nouveaux, des couleurs inédites. II se définit comme un sauvage qui a besoin d’une énergie brute.
Zoé Valdès se poste au plus près du peintre pour l’observer, le saisir et en restituer l’essence. Elle n’élude rien, ni les grandes amitiés avec Pissarro ou Van Gogh, ni les ruptures avec ceux qui furent ses maîtres et ses conseillers. Dans la langue charnelle qui est la sienne, Zoé Valdès décrit aussi les relations intimes entre le peintre et de très jeunes filles qui furent ses muses ou ses « vahinés ». L’auteur ne craint pas d’écorcher l’artiste ou de le présenter dans tous ces paradoxes. Une vraie rencontre entre deux artistes !