L’Impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawks
Du film noir au western, du film de guerre au péplum en passant par le film d’aventures, le réalisateur de Scarface, Le Grand sommeil ou Rio Bravo s’est illustré dans bien des genres et la comédie n’a pas échappé au talent d’Howard Hawks, notamment avec L’Impossible Monsieur Bébé, parfaite illustration de la « screwball comedy ». David Huxley est un paléontologue en quête d’une subvention d’un million de dollars afin de maintenir le musée dont il a la direction. Rendez-vous est pris avec un avocat, représentant une potentielle riche donatrice, mais la rencontre est compromise par l’irruption d’une jeune femme fantasque, Susan Vance, qui provoque des catastrophes en cascade. En quelques heures, la vie de ce pauvre Huxley, qui doit se marier le lendemain, va être bouleversée…
Quiproquos, loufoquerie, rythme endiablé, naissance d’une romance entre deux personnages qui ne cessent de s’affronter : L’Impossible Monsieur Bébé, réalisé en 1938, comprend tous les ingrédients d’un genre majeur de l’âge d’or hollywoodien. Bien sûr, le film doit sa réussite au tandem de comédiens, Cary Grant et Katharine Hepburn, tous deux parfaits, aussi bien dans le glamour que dans le trivial.
Cinéma champagne
Comme souvent chez Hawks, il flotte dans L’Impossible Monsieur Bébé un vent d’anarchie et les personnages sèment – même malgré eux – un désordre social assez jubilatoire. Pris pour ce qu’ils ne sont pas, ils doivent jongler avec des identités de substitution et s’échapper de prisons, au sens propre et figuré. Dans ce monde inversé, la vérité passe pour un mensonge et la raison est prise pour de la folie. Le chaos devient salvateur, les normes sont dynamitées.
Au fil de ce tourbillon filmé avec une rigueur mécanique, les répliques fusent comme des rafales de mitraillette. Un léopard s’en mêle (Bébé), puis un second. Un chien vole un os de dinosaure. Pendant ce temps, les humains retrouvent leur animalité et les malentendus se succèdent. Du vrai cinéma champagne, enivrant et euphorisant.