Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa
Si Akira Kurosawa a déjà réalisé des films importants avant Les Sept Samouraïs (Rashômon, Vivre) et en réalisera bien d’autres après (Le Château de l’araignée, Dersou Ouzala, Kagemusha…), le long-métrage sorti en 1954 demeure son œuvre la plus célèbre et a créé une puissante mythologie cinématographique : celle d’un groupe d’aventuriers défendant « la veuve et l’orphelin ». On retrouvera ce motif bien sûr dans l’adaptation en western de l’œuvre du cinéaste japonais avec Les Sept Mercenaires de John Sturges en 1960 et au fil d’innombrables déclinaisons.
Au XVIème siècle au Japon, les paysans d’un village régulièrement rançonnés par une bande de brigands décident de faire appel à des samouraïs en déshérence afin de les défendre. Au final, sept acceptent cette mission sans solde ni récompense sinon trois repas de riz par jour. Avant la prochaine récolte qui doit marquer le retour des pillards, ils vont préparer la défense du village et la formation de ses habitants au combat.
Art de la mise en scène
Vaste récit riche en moments de latence en dépit de la tension et de la simplicité de son point de départ, Les Sept Samouraïs mêle la chronique historique et sociale, la comédie, la romance, le film de sabres… La nature et les éléments sont partie prenante du film. Rivières, champs de fleurs, forêts se transforment en décors « vivants » tout comme le village se métamorphosant à la fois en forteresse et en piège. Le somptueux noir et blanc épouse aussi bien une certaine inspiration expressionniste de scènes nocturnes qu’une esthétique parfois naturaliste.
Surtout, la mise en scène de Kurosawa se révèle dans toute son ampleur, bien au-delà des scènes de combat qui furent l’une de ses signatures. A de très discrets ralentis (procédé qui sera repris jusqu’à l’usure) répondent des travellings latéraux ou des panoramiques limpides. La composition des plans, d’une précision picturale, et l’utilisation de la profondeur de champ n’ont rien perdu de leur éclat. On songe par moments au cinéma de John Ford sans que jamais le film ne sacrifie son identité au prix d’une quelconque « occidentalisation ». Succès international, Les Sept Samouraïs sera le meilleur ambassadeur du cinéma japonais et l’un des interprètes principaux – Toshirô Mifune, acteur-fétiche du maître – deviendra une vedette mondiale.