Figure phare de la danse contemporaine en France, Mathilde Monnier poursuit son exigeante recherche chorégraphique. Intitulée Records et impulsée en mai 2020, au sortir du premier confinement, sa nouvelle création se saisit de l’espace comme d’un motif central, en écho direct au bouleversement de notre rapport à l’espace engendré par la pandémie.
Évoluant dans un territoire cadré, dont elles éprouvent les contours et les limites, les six remarquables interprètes féminines de la pièce doivent (ré)apprendre à s’y mouvoir et à y vivre. Au centre du dispositif scénique, élaboré avec le plasticien Jocelyn Cottencin et le créateur lumières Éric Wurtz, se trouve une piscine sans eau, vide comme un vestige d’une époque passée d’image de la réussite sociale, dans laquelle ne peut plonger que le regard.
Savamment (re)composée à partir de morceaux interprétés par la renversante soprano Barbara Hannigan, voix majeure de notre époque, la musique tient une place essentielle, en interaction étroite avec la danse. Tendue vers les rythmes et l’abstraction, la chorégraphie se développe elle-même comme une partition. De modulations profondes en fluctuations légères, la dramaturgie oscille entre vide(s) et plein(s) avec une puissante dynamique rythmique.
En quête d’une fondamentale simplicité de mouvements et d’une radicale économie de moyens, sans dépense inutile, la pièce – utilisant très peu de matériel – révèle une grande richesse de possibles. Tout du long, les danseuses manifestent une vibrante présence au monde, chacune avec son intensité propre, et donnent forme à de denses organismes chorégraphiques en mutation constante, infiniment vivants.
Théâtre Garonne
Du jeudi 17 au samedi 19 mars 2022
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