Le chant du troubadour : l’arme fatale
Bon sang ne saurait mentir ! L’auteur est le fils de Mireille Calmel. Pour son premier roman, Anaël Train nous fait le coup du prequel, figure devenue classique dans le cinéma d’aujourd’hui. Ledit prequel prend place avant Le Lit d’Aliénor de Mireille Calmel et nous plonge dans la jeunesse de notre troubadour préféré, Jaufré Rudel, héros flamboyant de la saga d’Aliénor mais aussi d’un opéra signé de la compositrice finlandaise contemporaine Kaija Saariaho.
Nous le croisons alors que sa famille, les seigneurs de Blaye, a été spoliée de ses terres depuis plus de vingt ans déjà par le duc d’Aquitaine. Heureusement pour le tout jeune homme qu’est encore Jaufré, il y a cette rencontre avec un troubadour qui va lui faire découvrir l’art du trobar. Cela suffira-t-il pour faire oublier l’injure ducale ? Rien n’est moins sûr. En parallèle à la jeunesse et à l’initiation de celui qui va devenir l’un des troubadours les plus célèbres de l’Histoire, deux petites filles siamoises voient le jour. Elles se nomment Guenièvre et Aude de Grimwald. Elles apprendront bientôt, une fois séparées physiquement, que leur mission sur cette terre est exceptionnelle. En effet, elles vont être initiées au savoir druidique et auront pour mission de rejoindre la cour d’Angleterre pour protéger le fils de Guillaume le Conquérant : Henry 1er.
Le romanesque s’invite ici au cœur des authentiques luttes de pouvoir entre les grands de cette Europe médiévale. De nombreux et parfois terrifiants personnages que l’on croisera plus tard dans les livres de Mireille Calmel prennent vie sous la plume d’Anaël Train avec une puissance évocatrice qui nous laisse subjugués pour un premier livre. Emotion, suspense, action et humour aussi nous font suivre les pas de Jaufré, pas conduits par l’obsession de récupérer les biens familiaux. Il ignore bien sûr qu’il croisera une jeune fille dont la mission divine ne l’empêchera pas d’en tomber follement amoureux. Mais ceci est une autre histoire. Pour l’heure nous voici au cœur des cours d’amour, au sein même de La Chanson de Roland. La fin’amor à son apogée. Un régal d’élégance chevaleresque, musicale et poétique.
« Le Serment de Jaufré » • Editions du 123