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Opéra national du Capitole • Norma de Vincenzo Bellini

by Bruno del Puerto

Reprise de la production de septembre 2019 pour 9 représentations nécessaires qui se déroulent après une Générale bondée. Deux distributions pour satisfaire un public qui s’est rué sur les dates disponibles du 26 mars au 6 avril rendant absolument nécessaire de passer de 8 à 9. Accueil triomphal dans un cas comme dans l’autre avec des salles combles. Vincenzo Bellini est bien le grand poète de la musique et un dramaturge complet, le Maître de la “mélodie lunghe“ dixit Verdi.

Claudia Pavone
Claudia Pavone

Démonstration est faite à nouveau que l’opéra en question de Vincenzo Bellini est bien un véritable chef-d’œuvre d’opéra romantique depuis sa création le 26 décembre 1831. La metteure en scène Anne Delbée reprend Paul Claudel qui nous dit : « Regardez-la à genoux, cette douleur de femme ensevelie dans la lumière. Cela n’aurait pas commencé si je ne l’avais baisée au milieu du cœur. » fait dire le poète-écrivain à la Lune dans Le Soulier de satin. Allons chercher aussi du côté d’un témoignage, celui d’une Norma d’avant qui parle pour toutes les autres, Lilli Lehmann : « Cet opéra qui renferme tant d’amour ne saurait être donné avec légèreté. Il doit être chanté et joué avec fanatisme, exécuté par les chœurs et surtout par l’orchestre avec déférence, dirigé avec autorité et chaque mesure devrait recevoir l’hommage qui lui est dû. »

Karine Deshayes
Karine Deshayes

On pourra se replonger dans mon article-annonce et consulter le Vivace ! pour tous les articles concernant l’ouvrage. Ce qui vous éclairera pour tous les tableaux successifs constituant le spectacle côté visuel. Au bilan, un magnifique travail de théâtre sur mise en scène décors, costumes et, pièce maîtresse, les lumières de Vinicio Cheli. Un travail qui sert d’écrin à la musique et au chant. À ce niveau-là, soyons de concert avec Richard Wagner qui affirmait que, de Bellini, c’était la seule composition où se trouvaient réunies une mélodie pleine de richesse et une sincérité profonde. « N’ayons pas honte, écrivait-il, d’être transportés par la noblesse et le charme de cette mélodie ; n’ayons pas honte de verser des larmes d’émotion en l’écoutant. Ce n’est pas un crime de croire en cette musique !… »

Norma - Le Cerf Blanc
Norma – Le Cerf Blanc

Question musique, la chance est avec nous car, dans la fosse, et en coulisses, ce sont les musiciens de l’Orchestre national du Capitole qui, décidément, nous ont vraiment mal habitués puisque d’opéra en opéra, ils sont chaleureusement applaudis et remerciés par le public. Tout comme leur chef José Miguel Pérez-Sierra qui, précisons-le n’était pas le chef prévu  au départ, mais qui a vaillamment assuré pour la reprise de cette production. Dès l’Ouverture, le caractère solennel de l’œuvre est mis en évidence et sera maintenu tout au long. Il ne manque pas non plus de soutenir les chanteurs de bout en bout tout en traçant sa ligne musicale, et portant toute l’attention indispensable dans les duos et autres. Évidemment, mêmes commentaires pour ce qu’il en est des membres du Chœur de l’Opéra national du Capitole, excellemment préparés comme à l’habitude par Gabriel Bourgoin, qui chantent et qui jouent dans le cadre que leur octroie la mise en scène.

Oroveso - Chœur
Oroveso – Chœur

Comme à l’habitude aussi, la distribution vocale ne s’arrête pas aux têtes d’affiche et justement, pour les comprimari assurant les rôles de Clotilde et Flavio, on souhaite les mêmes carrières à Anna Noniani et Léo Vermot-Desroches que leurs illustres prédécesseurs en leur temps à savoir Joan Sutherland et José Carreras. Oroveso a trouvé sa pépite avec le jeune et ténébreux Adolfo Corrado, une voix et un physique, pendant que Roberto Scanduzzi tient encore brillamment le haut de l’échiquier. Basse profonde, basse chantante, le peu de difficultés côté voix permet de s’attarder sur prestance et théâtre et l’on est plus que bien servi par l’un comme l’autre dans la scène finale, très très émouvante. Merci à Bellini et au librettiste Felice Romani.

Pollione : Adalgisa
Pollione – Adalgisa

Pollione est un proconsul romain qui ne s’embarrasse pas de principes. Bellini a écrit pour un ténor di forza, pour le moins. Il faut donner de l’élan, de l’énergie, de l’arrogance dans les airs de colère, de menace, et il y en a.  Les deux ténors proposés Luciano Ganci et Mikheil Sheshaberidze ont les moyens du personnage, avec un style affirmé et franc et viril jusqu’à la montée au bûcher, s’essayant même aux nuances et à l’arrogance de l’accent et même démontrant une certaine insolence dans la projection du timbre. Tous deux sont ici à leur place, à n’en pas douter. Et heureusement pour eux, le mouvement #metoo n’a pas accès à la salle…

Pollione
Pollione

Il reste Norma et Adalgisa. Première difficulté éventuelle, les deux protagonistes constituant le duo. On se doutait bien qu’avec Christophe Ghristi, on ne serait pas déçu. Karine Deshayes-Chiara Amarù et Claudia Pavone-Eugénie Joneau sont une réussite. Oublions les références aux anciennes que la plupart des spectateurs actuels n’ont jamais connu et qui semblent avoir toutes quelques défauts ! Ça suffit. On n’aura pas oublié que l’interprétation du rôle des rôles exige que soient traduits musicalement une large variété de sentiments et de situations : orgueil et crainte, amour et devoir, maternité et jalousie, intrépidité politique et intransigeance religieuse, …Bilan : Les moyens pour chanter le bel canto romantique, l’expression dramatique, l’extase dramatique, aucun souci pour chacune d’entre elles. Elles sont au rendez-vous. Que la vocalise soit une sublimation du lyrisme, que tous ces ornements, fort nombreux ici, soient pour accentuer l’efficience du lyrisme c’est entendu. Elles assurent. De même que la construction de ces crescendos belliniens soit très spécifique, une véritable innovation historique, c’est entendu aussi. Elles y sont complètement investies et nous font partager alors toutes les émotions qui en découlent. C’est bien là, la magie de l’opéra.  Si vous pouvez, allez écouter les deux ! disons les quatre.

N.B. La couronne que porte Norma est un travail de Augustin Frizon-Roche, responsable du visuel fort beau de la brochure 23-24, 24-25 et 25-26 à venir.

Michel Grialou

photos : © Mirco Magliocca

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