Accueil » Orchestre national du Capitole • Concerts de mars 2025

Orchestre national du Capitole • Concerts de mars 2025

by Bruno del Puerto

On commençait à s’ennuyer ! Revoilà le chemin de la Halle aux Grains. Ce sera pour un Happy Hour, le samedi 22 mars à 18h, sans entracte, et avec le trombone pour une Carte blanche à la Classe de trombone du Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse. Le concert est placé sous la direction de Katharina Wincor, nouvelle venue à la Halle, ce me semble.

Katharina Wincor © Andrej Grilc
Katharina Wincor © Andrej Grilc

La jeune cheffe s’est faite connaître à l’international en tant que cheffe assistante de l’Orchestre symphonique de Dallas, où elle a travaillé avec le directeur musical Fabio Luisi à partir de 2019. En 2020, elle a été lauréate du Concours Mahler de Bamberg et invitée à la Masterclass Ammodo de l’Orchestre royal du Concertgebouw avec Iván Fischer, qui l’a ensuite engagée comme assistante pour plusieurs projets avec l’Orchestre du Festival de Budapest. Elle a grandi en Haute-Autriche, a étudié la direction d’orchestre à l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne et à l’Université des arts de Zurich.  Elle est accompagnée de nos trois trombonistes à savoir Louise Ognois, David Locqueneux et Joël Vaisse, autrefois trombone solo de l’ONCT.

Trois œuvres au programme soit, l’Ouverture tragique de Johannes Brahms de quinze minutes, composée en 1880, qui débute par un Allegro non troppo dans lequel le thème principal est en charge des trombones soutenus par les cors. « Le tragique réside dans la solitude oppressante des silences craintifs et démoniaques et de temps morts. » Puis, l’épisode central Molto píu moderato et enfin le Tempo primo (ma tranquillo). Suivra une création mondiale en commande de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, qui s’intitule Concerto pour trois trombones de Thierry Caens, natif de Dijon, excellent trompettiste et musicien fort pédagogue. Et pour terminer, La Grande Pâque russe, Ouverture de Nikolaï Rimski-Korsakov. Événement ayant eu lieu le 3 décembre 1888 dont le titre initial était, Ouverture “dominicale“ de la Sainte Fête. La musique, riche en couleurs et en séductions, débute “lento“ pour s’achever dans la liesse populaire, et dépeint fidèlement les épisodes de cette “kermesse mystique“.

Riccardo Minasi © Drew Gardner
Riccardo Minasi © Drew Gardner

Nous patienterons jusqu’au vendredi 28 mars, 20h pour retrouver Riccardo Minasi à la direction d’orchestre dans un concert qui nous réserve deux découvertes soit, après l’Ouverture de l’opéra La Clémence de Titus de Wolfgang Amadeus Mozart, une première avec le Concerto pour violoncelle n° 1 en ré majeur, op. 4 (1792) d’Antonín Kraft (1749-1820) interprété par Jean-Guihen Queyras. Allegro aperto – Romance-Andante – Rondo alla Cosacca-Moderato. Sur une vingtaine de minutes.

Un concerto bien proche de celui qu’il avait joué ici même, le n° 1 de Haydn (1783). Haydn et Kraft étant deux musiciens très proches en leur temps, le second classé grand virtuose de son instrument et très demandé alors chez les Esterhazy puis chez les Lobkowitz. Le concerto de papa Kraft (le fils Nikolaus aussi doué que le père) étant d’ailleurs déclaré d’une rare difficulté d’où, peut-être le fait qu’on le retrouve plutôt rarement dans un programme de concert. Notre soliste précise bien toutefois, que ce n’est point lui qui sort cette partition de l’oubli mais, l’estimant déconsidérée, veut la remettre sous les feux de la rampe du concert.

Jean-Guihen Queyras © Roman Drits
Jean-Guihen Queyras © Roman Drits

Suivra une deuxième surprise avec une création contemporaine datée de 2008 de Jörg Wigmann s’intitulant Con brio que, bizarrement, l’on ne devra pas quitter des yeux car sur les treize minutes environ, il faudra observer attentivement les musiciens, certains sons n’étant pas obligatoirement “fabriqués“ par les instruments eux-mêmes !!!En un mot : des sons et… des sons.  Le clarinettiste, compositeur et chef d’orchestre Jörg Widmann est l’un des artistes les plus polyvalents et les plus fascinants de sa génération. Né en 1973 à Munich, il est un des compositeurs contemporains parmi les plus prolixes, très attaché à la musique de chambre.

Con brio rend hommage à Beethoven de manière générale mais plus particulièrement à sa Septième Symphonie. Depuis sa création, la pièce est sa plus jouée. elle a été dirigée par plus de soixante chefs d’orchestre. La pièce est certes une œuvre-hommage mais jamais elle ne parodie, ne cite ou n’imite Beethoven. Ou simplement par allusions momentanées. La partition est remplie de sons que Beethoven n’a jamais demandé à un orchestre de produire, mais des nuances instrumentales que les musiciens devront transmettre au cours de la pièce par des battements de langue, effets d’archets et respirations dans un instrument !! Widmann a déclaré que son objectif était de créer un sentiment de fureur et d’insistance rappelant Beethoven.

Beethoven
Tableau de W-J Mâhler de L van Beethoven

Enfin, dernière surprise avec la Symphonie n° 8 en fa majeur, op. 93 (1812) de Ludwig van Beethoven, la moins jouée ! la plus courte avec la n°1 ! écrasée dans les programmations de concert par la 3, la 5, la 6, la 7 et bien sûr la n°9. Mais, vingt-cinq minutes tout de même et en quatre mouvements :

Allegro vivace e con brio sur 9’
Allegro scherzando sur 4’
Tempo di Menuetto sur 5’
Allegro vivace sur 6 à 7’

Alerte et concise, nette et achevée comme un objet “naturel“, envahie d’une cordiale joie de vivre, avec toutes les nuances qu’elle comporte, c’est la Huitième symphonie. Un climat de sérénité tout particulier semble avoir présidé à sa composition, animée par une humeur gaie, sereine et cordiale, comme le prouverait un fameux repas au cours duquel la rencontre avec un certain Johann Maelzel, l’inventeur du métronome, serait à l’origine du thème initial et même fondamental. 1812, au fait, il est amoureux et prend les eaux à Toplitz…

« Un prodigieux finale, une des pages les plus hardies de Beethoven » écrira le grand chef d’orchestre Igor Markevitch. En tous les cas, certainement le mouvement le plus orignal et le plus marquant de l’œuvre possédant une extraordinaire énergie motrice et une joie débordante. Si l’on détaille un peu, un rythme vif pianissimo se fait entendre comme chuchoté aux violons d’abord, puis aux seconds et altos, tandis que les premiers exposent un thème animé, pizzicato…L’apparence légère et fragile de ce premier exposé du thème ne laisse pas soupçonner l’énergie considérable qu’il contient en germe et qui va bientôt exploser pour se déployer tout au long du finale.

Éclate alors un puissant tutti…

On suivra tout au long du mouvement, les ambiguïtés et contrastes marqués dans les dynamiques et les tonalités, soulignés par une orchestration compacte se manifestant sans réserve dans de triomphants forte et fortissimo.

Celle que Beethoven appelait « la petite symphonie en fa » par opposition à la Septième qu’il désignait par la grande symphonie en la » et sur laquelle Berlioz écrivait : « …dans les développements et l’instrumentation du I et du IV, Beethoven s’est montré aussi riche et puissant que partout ailleurs ; Il n’y a donc rien de petit dans cette symphonie, et cette manière de la désigner manque tout à fait de justesse. »

Apothéose De Beethoven
L’Apothéose de Beethoven par Jean-Paul Laurens,1902, foyer du théâtre de Castres

Pour en savoir un peu plus sur notre soliste de ce concert, Jean-Guihen Queyras, cliquez ici 

Quelques mots sur les débuts de carrière de Riccardo Minasi, cliquez ici

Michel Grialou

Billetterie en Ligne

Orchestre national du Capitole

Articles récents