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Orchestre national du Capitole • Lambert Wilson chante Kurt Weill

by Bruno del Puerto

Il faudra deux dates pour satisfaire le public, à savoir le vendredi 31 janvier et le samedi 1er février, à 20h pour à chaque fois un même concert tout Kurt Weill avec les musiciens de l’Orchestre national du Capitole, au chant, Lambert Wilson, au piano et aux arrangements Bruno Fontaine et à la direction de tous, la cheffe d’orchestre Alexandra Cravero.

Le programme du concert s’intitule tout simplement : Musique de Kurt Weill

Kurt Weill
Kurt Weill à Salzbourg 1935

Si Kurt Weill vous fait penser années 20-30, une période foisonnante en tous domaines, c’est gagné, mais encore L’Opéra de Quat’ sous, encore gagné, à Bertolt Brecht et à Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny, encore gagné. Si on pousse jusqu’à Lotte Lenya, tout simplement son épouse, c’est le gros lot. D’autant que des films comme L’Ange bleu ou un autre, M le Maudit ou Metropolis ne vous sont pas inconnus, vous avez quelques ingrédients pour mieux apprécier et vous plonger dans davantage que les pièces chantées les plus célèbres de ce compositeur. Le programme vous promet Alabama Song tout autant que la Complainte de Mackie Messer ou Mack the Knife.

Affiche De L'Opéra De Quat' Sous Par Caspar Neher
Affiche de L’Opéra de Quat’ sous par Caspar Neher pour la création en 1928

Né en 1900, près de Berlin, le bonhomme apparaît comme un représentant de l’intelligentsia berlinoise après la Première guerre mondiale. Il avait suivi les conseils de Ferruccio Busoni et s’essayait alors dans la musique de chambre. En 1924, il remporte un certain triomphe au Festival de Salzbourg avec son cycle de mélodies Frauentanz ce qui le fait alors pencher vers le chant, puis vers l’opéra. Des livrets de Georges Kaiser lui permettent de composer des partitions qui séduisent le public mais c’est surtout la rencontre avec Bertolt Brecht qui va produire l’étincelle créatrice donnant naissance à Die Dreigrosschenoper, sur une libre adaptation de The Beggar’s Opera – L’Opéra des gueux – de John Gay, créé à Berlin le 31 août 1928 et Aufstiegund fall des Stadt Mahagonny, à Leipzig, passablement amputé et trafiqué pour être représentée.

Il s’agit là d’une forme d’opéra très nouvelle, basée sur l’emploi de chansons, un nouveau type de “song“, chargé de critiques sociales ou empreint de sentimentalité, qui procède à la fois de la ballade, de la chanson et de la complainte et emprunte certains éléments au jazz et à la musique de danse moderne (fox-trot, shimmy, ragtime). On peut dire que le tandem Weill / Brecht a inventé ce style berlinois un peu grinçant, trop “canaille“ pour être reconnu par les musiciens dits “sérieux“, trop intello pour devenir tout à fait populaire mais d’un charme indiscutable. Le commentaire orchestral y alterne continuellement avec le dialogue, selon la tradition du “Singspiel“. Dans cet opéra le plus connu, L’Opéra de Quat’sous, on y trouve par exemple une vingtaine de morceaux chantés, et nombre d’entre eux par la voix de basse, le roi des mendiants. C’est bien l’invention d’un nouveau théâtre musical.

Hélas, la période berlinoise va rencontrer sa conclusion car les bruit de bottes nazifiants sont là. Et Kurt Weill doit quitter le pays par précaution. Il va se réfugier à Paris en 1933 avec son épouse. L’exil se poursuit vers New-York en 1935 où le couple trouve très vite ses marques, pris dans l’euphorie créatrice de Broadway. Il prend la nationalité américaine en 1943 et Kurt décèdera en 1950.

Les trois périodes que le concert fera apparaître, ce sera à l’aide de pièces orchestrales appartenant à chacune puisque les musiciens joueront les Ouvertures de L’Opéra de Quat’sous puis de Mahagonny et enfin Marie-galante et Street Scène. Je ne t’aime pas et d’autres, ce sera pour la courte période française et pour ses dernières années, la comédie musicale Lady in the dark aura sa large part.

Lambert Wilson © Igor Shabalin
Lambert Wilson © Igor Shabalin

Quelques mots sur Lambert Wilson : L’acteur, metteur en scène et chanteur français naît à Neuilly-sur-Seine en 1958. Il se forme au Drama Centre de Londres de 1975 à 1978. Il interprète son premier grand rôle cinématographique dans Five Days One Summer en 1981 aux côtés de Sean Connery. Il joue dans des films d’André Téchiné, Claude Chabrol, Alain Resnais ou encore Xavier Beauvois. Il fait ses débuts au théâtre dans Les Derniers de Gorki en 1978 et dans Graal Théâtre de Marcel Maréchal. Plus récemment, il joue dans Les Créanciers d’August Strindberg et Le Misanthrope de Molière en 2019.

Baryton, il étudie le répertoire de la comédie musicale américaine et enregistre un album consacré aux grands standards du genre, Musicals, en 1989. Il commence en 1990 une collaboration avec le pianiste Bruno Fontaine qui donne naissance à quatre récitals, mêlant la chanson française aux standards de comédie musicale (Lambert Wilson Chante, Démons et Merveilles) et des hommages à des compositeurs comme Kurt Weill, compositeur qui le rapproche de Bruno Fontaine. En tant que récitant, il se consacre aussi aux œuvres orchestrales, auprès de nombreux chefs. En 2006, il participe au Candide de Leonard Bernstein, mis en scène par Robert Carsen, au Théâtre du Châtelet à Paris et à la Scala de Milan. Il joue et chante aussi dans A Little Night Music de Stephen Sondheim et dans Singin’ in The Rain.

Lambert Wilson et Bruno Fontaine © Sarah Hazelgrove
Lambert Wilson et Bruno Fontaine © Sarah Hazelgrove

Sur Bruno Fontaine : Pianiste, chef d’orchestre, grand arrangeur, compositeur notamment en musique de film, enseignant, librettiste, Bruno Fontaine est un artiste complet et inclassable.

Né à Epinal c’est à l’âge de quatre ans qu’il débute le piano, et c’est sur dispense spéciale qu’il intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, à l’âge de 11 ans, pour étudier avec, entre autres Maîtres, Pierre Sancan, et Jean Hubeau. Il en sortira à l’âge de 15 ans avec 5 premiers prix.

Il joue régulièrement avec l’Orchestre National d’Île de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre de Cannes et l’Orchestre de la Radio Suisse Romande. Il a dirigé le London Symphony Orchestra pour un enregistrement avec le guitariste John Williams.

Il s’est produit en soliste sous la baguette de Yutaka Sado, Jacques Mercier, Philippe Bender, Edmond Colomer, Laurent Petitgirard, David Wroe, Grzegorz Nowak et James Blair. Ses partenaires en musique de chambre sont les violoncellistes Sonia Wieder Atherton, Ophélie Gaillard et Henri Demarquette, le violoniste Guillaume Sutre et l’altiste Miguel Da Silva. Il joue régulièrement avec Jean-François Zygel, en improvisation à deux pianos. Michel Portal, Richard Galliano, Mino Cinelu, Louis Sclavis font également partie de ses partenaires dans divers projets. A Los Angeles, il rencontre et travaille avec Don Costa, arrangeur de Frank Sinatra.

Il compose deux suites symphoniques inspirées des musiques des films de Jacques Tati, les « Hulophonies » créées au Festival de Cannes en 2002, et a écrit la musique originale de sa mise en scène d’Un fil à la patte à la Comédie Française. En ce lieu, Il a dirigé aussi la nouvelle production de L’Opéra de Quat’ Sous de Brecht & Weill, dans une mise en scène de Laurent Pelly. Il a travaillé pour Montand, Jacques Higelin.

Alexandra Cravero © Karen Almond / Dallas Opera
Alexandra Cravero © Karen Almond / Dallas Opera

Sur Alexandra Cravero, cheffe d’orchestre et altiste française, après avoir obtenu le Diplôme d’Etat à l’âge de 20 ans, le 1er prix d’alto à l’unanimité au CNSM de Lyon en 2003 et le Master en direction d’orchestre au CNSM de Paris en 2011, Alexandra Cravero est finaliste des principaux concours internationaux de direction d’orchestre : Besançon, Pedrotti, Cadaquès, Dallas. Passionnée par la voix, elle se rapprochera du répertoire lyrique de l’opéra.

Sur la cheffe Alexandra Cravero, on a pu lire : « …enfin, elle contribue grandement à la réussite de la soirée, par un travail d’orfèvre tout en finesse qui met en valeur les solistes de l’orchestre, et qui rend grâce aux pages élégiaques comme aux moments plus dramatiques. » mais encore : « Une puissante cheffe d’orchestre, impliquant son corps entier. Elle a transmis avec certitude l’énergie et des idées bien définies de la façon dont la musique doit s’interpréter. »

L'orchestre De L'Opéra Edgar Degas
L’orchestre de l’Opéra – Edgar Degas

Rappelons qu’en ce moment, nous sommes en plein opéra-bouffe avec Orphée aux enfers au Théâtre du Capitole et que nous avons aussi un Happy Hour samedi 25 janvier, 18h dévolu à un instrument à vent que le public adore, le basson avec nos musiciens qui sont Estelle Richard et Guillaume Brun sans oublier Marion Lefort au contrebasson. Ils vous instruiront sur l’instrument qu’ils ont choisi pour “faire“ de la musique, la musique qu’ils aiment. Alors, basson ? fagott ? et les dérivés ?  Et les clés ? Que de clés ?! Et le basson baroque ? Et les ancêtres ? Le concert est dirigé par la jeune chef Sophie Dartigalongue. Un programme qui ira d’Antonio Vivaldi à Igor Stravinski et sa suite, Pulcinella.

Michel Grialou

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